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Editorial : La politique prédatrice de tous les dangers…

Par Chokri BACCOUCHE

Si quelqu’un s’avise à dire au président américain qu’il est possible de résoudre une guerre par la voie politique et diplomatique, il y a de fortes chances que l’auteur de cette proposition soit renvoyé sur les roses, voire sévèrement tancé. La raison? Donald Trump a sa propre méthode, une sorte de recette miracle d’un type particulier, fruit de son imagination débordante, qui consiste à s’approprier tout simplement les lieux qui se trouvent au cœur des conflits. La dernière annonce en date de cette politique prédatrice typiquement trumpienne a été faite il y a quelques jours par la porte-parole de la Maison-Blanche, Karoline Leavitt, qui a indiqué que la solution à la cruciale question de la sécurisation des centrales énergétiques ukrainiennes, c’est qu’elles passent sous contrôle américain. Bien avant cette «idée géniale», il y a eu bien évidemment la fameuse proposition très controversée qui a suscité un tollé international, consistant à déporter les populations de Gaza sans droit de retour et de reconstruire l’enclave palestinienne sinistrée pour la transformer en «Riviera du Moyen-Orient». Homme de l’aubaine et de l’opportunisme, Donald Trump inaugure ainsi l’ère de la paix inique par la force et de la protection de façade par la prédation. Il remet en fait au goût du jour et de manière assez brutale, un néocolonialisme par l’économie sur fond d’une politique transactionnelle qu’il affectionne particulièrement.

Après la mondialisation, un concept imposé par l’Amérique conquérante au reste de la planète au nom d’un néolibéralisme à tout crin qui s’est développé au détriment des populations les plus vulnérables dans le monde, place donc avec le retour de Trump au pouvoir outre Atlantique à une sorte de banditisme politique qu’on peut qualifier de rapace. Semblable aux pratiques mafieuses qui ont fait la réputation des plus grandes organisations criminelles. Le parallélisme à ce niveau trouve tout son sens dès lors que les organisations mafieuses imposent à leurs victimes la loi du milieu qui consiste à payer une redevance communément appelée pizzo en contrepartie d’une prétendue protection. En homme d’affaire avisé peu porté sur la menue monnaie, Trump voit plus grand encore que les petits raquetteurs de chez Cosa Notra car lui, il veut accaparer des centrales nucléaires et énergétiques stratégiques et des terres rares en échange de ses services de «gardiennage». La démarche est la même en somme mais c’est seulement le gain ou le profit qui change. Et on peut dire qu’il est bigrement plus conséquent et diablement plus volumineux.

Sans excès aucun, on peut dire qu’on est actuellement sur la crête du cynisme et une marche forcée vers l’inconnu car avec le trumpisme qui n’est pas près de révéler toutes ses extravagances, ses absurdités et ses égocentrismes qui frisent le délire, il faut désormais s’attendre à tout. Non sans raison d’ailleurs car la philosophie qui anime le président américain et sa vision atypique des choses prend les allures funestes d’une véritable guerre déclarée au droit. La vertu suprême du trumpisme est fondée en effet sur l’imposition de l’ordre par la force, une politique de la brutalité autrefois sacralisée par le fascisme pur et dur cher au dictateur italien Benito Mussolini. Et gare à celui qui ose contredire ou s’opposer au diktat léonin de son auguste majesté car il en subira inévitablement les dures représailles. C’est le sort qui a été réservé d’ailleurs à des juges américains dont le seul tort est d’avoir remis en cause les oukases du locataire de la Maison-Blanche. Les sanctions décidées récemment par Trump contre la Cour pénale internationale, coupable à ses yeux d’avoir commis le «crime suprême de lèse-majesté» pour avoir émis un mandat d’arrêt contre le Premier ministre israélien Netanyahu et son ministre de la Défense Gallant pour crime de guerre, entrent dans le même cadre. Bref, Donald Trump incarne la négation totale du droit. Qu’il s’agisse du droit international et autres droits à l’autodétermination, à l’indépendance et tutti quanti, c’est du pareil au même. Il n’y a pas de droit qui vaille en fait dans le nouveau désordre mondial version Trump si ce n’est celui de l’ordre fondé sur la puissance et l’arbitraire.

Dans ce capharnaüm planétaire qui ne prédit rien de bon, la question est: que peut et doit faire le reste du monde pour se prémunir contre les effets pervers de cette méga-dictature unique dans les annales de l’histoire ? Faut-il se résigner et accepter le fait accompli ou au contraire défendre les valeurs de justice et de droit pour l’instauration desquelles des générations d’humains ont milité et consenti d’énormes sacrifices ? La réponse à ces questions incombe en fait à tous les peuples de la planète dans leur diversité idéologique et religieuse plurielle. Il y va de leur devenir commun dans cette nouvelle phase inédite de l’histoire tourmentée de l’humanité…

C.B.

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