Alors que l’entité sioniste poursuit ses frappes sur certains sites syriens, des médias israéliens font allusion à une possible confrontation entre l’entité sioniste et la Turquie en Syrie.
La Turquie et l’entité sioniste se sont rapidement immiscés dans le dossier syrien depuis la chute du régime de Bachar Al-Assad. L’entité sioniste a vite occupé la zone tampon avec la Syrie sur le plateau du Golan, telle que définie dans l’accord de désengagement de 1974. L’objectif affiché est d’empêcher la concentration d’organisations qu’elle qualifie de terroristes dans la région proche des territoires occupés, à moins qu’il n’y ait une armée syrienne organisée supervisant la frontière.
Mais l’étendue du contrôle de l’entité sioniste sur des zones en Syrie et les déclarations du ministre de la Défense, Yisrael Katz, selon lesquelles l’armée israélienne restera dans la zone de sécurité pour une période illimitée indiquent une intention sioniste à long terme. De ce fait, une confrontation entre l’entité sioniste et le nouveau régime syrien et son allié turc pourrait être inévitable.
En plus de l’intention d’établir une zone tampon le long de la frontière du plateau du Golan, les activités de l’entité sioniste ont pour objectif la création d’une ceinture de sécurité civile, et pas seulement militaire, visant à recruter la population druze concentrée dans la ville d’As-Suwayda en tant que force indépendante qui empêchera et freinera les activités des organisations hostiles, contrecarrant ainsi les ambitions d’établir un État syrien unifié.
La proposition de permettre aux Druzes d’opérer dans les territoires occupés, l’aide humanitaire que l’entité sioniste apporte dans les villages de la région et les activités des agents de renseignement en contact avec les dirigeants locaux renforcent la perception qu’il s’agit d’une opération à longue portée, qui rappelle la nature de la zone de sécurité établie au Liban pendant la première guerre de 1982.
Mais contrairement au Liban, où le pouvoir central n’existait pas pendant la guerre, la Syrie a un nouveau régime qui tente d’établir un État unifié basé sur l’aide économique et militaire de la Turquie, et le soutien de l’Arabie saoudite et du Qatar. Par conséquent, la stratégie israélienne d’exploiter la structure sectaire afin de construire des centres d’influence peut se retrouver en confrontation directe avec des forces régionales et internationales, notamment la Turquie.
En fait, Erdogan cherche à maintenir son influence sur la Syrie post-Assad à travers le soutien à certaines factions syriennes dans le nord du pays, ainsi qu’avec la présence diplomatique de la Turquie dans la capitale Damas pour devenir le premier pays à rouvrir les portes de son ambassade après la chute du régime Al Assad.
L’entité sioniste considère la Turquie comme un État ennemi qui cherche à remplacer la Russie en tant que sponsor militaire de la Syrie, et pourrait restreindre la liberté de son armée dans le ciel syrien et agir contre sa présence terrestre dans ce pays.
Jusqu’ici, la nouvelle administration syrienne se contente de condamner les agressions sionistes contre ses territoires qui ne cessent de se multiplier et de prendre de l’ampleur. Ahmed Al-Sharaa reste une figure suspecte, tant sur la scène syrienne interne que dans la communauté internationale. La couverture politique internationale et arabe qui se construit autour de lui laisse croire qu’il s’agit d’un pion dans un jeu régional qui se joue entre les grands.
Ces développements surviennent à la lumière d’un paysage international en mutation dans lequel la domination des puissances traditionnelles est en déclin, tandis que les pays de la région du Moyen-Orient réorganisent leurs alliances et leurs cartes pour servir leurs intérêts stratégiques. Au milieu de ces transformations, la région reste une arène ouverte aux conflits et aux tensions.
Alors que les équations de pouvoir régionales changent, les peuples de la région restent les grands perdants dans le jeu des intérêts majeurs et la refonte des cartes politiques.
J.H.