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Le taux directeur de la BCT ramené à 7,5% : Mieux que rien !

Hassan GHEDIRI

Après avoir obstinément maintenu son taux à 8% pendant plus de deux ans, la Banque Centrale a décidé d’alléger un tout petit peu sa politique monétaire tout en restant sur ses gardes…

Il a fallu beaucoup de temps pour enfin voir l’institut d’émission tenter d’apaiser les tensions qui planent sur l’économie et accablent les entrepreneurs. Attachée à une politique monétaire jugée excessivement restrictive qui se caractérise par des taux d’intérêt élevés, la Banque Centrale de Tunisie n’a pas désavoué, cette fois-ci, les observateurs qui ont parié sur un abaissement du taux directeur devenu presque inéluctable au vu du comportement de l’inflation au cours de ces derniers mois. Dans sa réunion avant-hier, le Conseil d’administration de la BCT a ainsi décidé de réduire de 50 points de base son taux directeur qui passe pour la première fois depuis janvier 2023 sous la barre de 8%. Selon la note explicative diffusée à cet effet, cette révision à la baisse se justifie par des signes de ralentissement montrés par l’inflation au mois de février dernier en s’établissant à 5,7% contre 6% en janvier. Une tendance qui incite, selon la BCT, à une révision à la baisse des perspectives de l’inflation au cours de la période à venir. 

Dans la même note, l’on estime toutefois que les augmentations des salaires, aussi bien dans le secteur privé que public devraient occasionner des pressions à la hausse sur les coûts de production et stimuler davantage la demande. Une situation qui pourrait entraver une baisse plus sensible de l’inflation à court terme. Cela n’empêche cependant pas la BCT de croire qu’en termes de moyennes annuelles, le taux d’inflation devrait se situer à 5,3% en 2025 contre 7% enregistré au cours de l’année écoulée.      

D’aucuns pensent aujourd’hui que le maintien, durant plus de deux années, le taux directeur à 8% a été une restriction excessive qui a beaucoup pénalisé les acteurs économiques et les ménages. Avec son resserrement monétaire, la BCT a certes pu contenir l’inflation, mais au prix d’un ralentissement économique notable. En 2024, la croissance a peiné à dépasser 1,5%, loin des niveaux nécessaires pour absorber le chômage et relancer l’investissement. Les entreprises, notamment les PME, ont souffert d’un accès restreint au crédit, tandis que la consommation des ménages a été freinée par des conditions financières strictes. Dans ce cadre, la baisse actuelle est perçue comme une bouffée d’oxygène, bien que timide. C’est ce que pense Ridha Chkoundali, professeur en Sciences économiques, à faculté des Sciences économiques et de Gestion de Nabeul.

Chkoundali estime en effet que la réduction du taux d’intérêt directeur de 50 points de base est une décision importante dans un contexte marqué par la perturbation des échanges commerciaux et par les nouvelles restrictions liées à l’entrée en vigueur de la loi sur les chèques qui sont venues entraver le principal moteur de croissance qu’est la consommation. Ces facteurs réunis rendent, selon Chkoundali, difficile d’atteindre le taux de croissance prévu cette année, qui est de 3,2 %.

Le spécialiste reste toutefois optimiste et pense qu’il vaut mieux tard que jamais. «Quelle soit décidée quelque peu tardivement et insuffisante parce que nous nous attendions à une baisse d’au moins 75 points de base, cette décision est de nature à redonner confiance aux investisseurs, car elle réduira le coût de l’investissement et contribuera ainsi à relancer la croissance économique dont nous avons besoin. Cette baisse permettra, ne serait-ce que modestement, de réduire les montants des remboursements des prêts pour les familles et les entreprises ayant souscrit des emprunts à taux variable. Chkoundali pense d’autre part que la décision de la BCT vient s’intégrer parfaitement dans la volonté du Chef de l’Etat de réviser le rôle de la Banque Centrale qui ne devait pas se limiter d’après lui à la lutte contre l’inflation mais de jouer pleinement son rôle dans la relance économique. «En attendant une réforme globale de la loi organique de la Banque Centrale, l’objectif est de consolider la coordination entre le gouvernement et la Banque Centrale pour lutter plus efficacement contre l’inflation tout en stimulant la croissance. 

H.G.

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