Par Hassan GHEDIRI
Les familles tunisiennes se débrouillent pour ne pas laisser les dépenses de l’Aïd grignoter davantage leur pouvoir d’achat. Le renchérissement des prix semble toutefois promettre un arrière-goût amer…
Demain débute la quatrième et dernière semaine du mois de ramadan. Dans les commerces, l’effervescence est palpable. Cela fait quelques déjà que les familles tunisiennes ont entamé la traditionnelle course contre la montre pour préparer l’Aïd El-Fitr. Une fête incontournable quel que soit les sacrifices que l’on devait consentir dans le budget des ménages fortement laminé par le renchérissement de la vie.
Dès les premières heures de la journée jusqu’au tard la nuit après la rupture du jeûne et la prière des tarawih, les villes grouillent de monde. Il était à peine 10h hier au centre de Tunis, et déjà les rue Jamel Abdennaceur et la rue Charles de Gaulle, ainsi que les centres commerciaux tels que Palmarium, sont pris d’assaut par des foules venues des quatre coins de la capitale. Les trains et les métros déversent des flots de personnes se précipitant pour faire le tour des magasins en quête des bonnes affaires pour célébrer dignement la fête de l’Aïd.
Dans les boutiques de prêt-à-porter, règne une ambiance festive malgré des prix pas tout à fait au gout de toutes les bourses. Des parents, souvent accompagnés de leurs enfants, parcourent les rayons à la recherche des articles adapté à leur porte-monnaie. Une mission pas du tout aisée par ces temps de morosité économique. Après trois semaines de dépenses importantes pour les repas de rupture du jeûne, les budgets sont serrés. Les prix affichés dans les vitrines continuent à défier les lois de la gravité et poursuivre leur montée vertigineuse. Dans son enquête de mois de février relative à l’évolution de l’indice des prix à la consommation, l’INS a souligné une hausse d’environ 10 % des prix de l’habillement par rapport à la même période de 2024. Une situation qui pousse beaucoup de ménage à serrer davantage leur ceinture. Comme c’est cas de Sami, père de trois enfants âgés de 6 à 12 ans et qui avoue être obligé de renoncer à certains achats pour ne pas dépasser mon budget.
Plusieurs parents avaient pris leur disposition pour atténuer les effets de cette fausse des prix sur leur portemonnaie en profitant des soldes d’hiver qui ont duré plus de huit semaines et qui ont pris fin mars 2025. «J’ai acheté les vêtements de mes enfants pendant les soldes. Les prix étaient bien plus raisonnables», confie Leïla, une mère de deux enfants. Mais pour ceux qui n’ont pas pu en profiter, la recherche d’articles abordables relève du défi.
Face à la hausse généralisée des prix, de nombreuses familles se tournent vers les friperies, où les vêtements de seconde main sont vendus à des prix attractifs. «Au regard des prix exorbitant affiché dans la plupart des commerces, la friperie est une véritable bouée de sauvetage pour beaucoup de Tunisiens», note Karim, jeune père de famille qui travaille dans le bâtiment. «Je suis adepte de la fripe dans laquelle je peux habiller mes deux garçons à moindre coût, même si ce n’est pas du neuf mais c’est de bonne qualité», dixit-il.
En plus des vêtements les familles tunisiennes s’attachent également à préparer les gâteaux traditionnels de l’Aïd. Les commerces dédiés aux fruits secs et autres ingrédients indispensables pour la préparation des pâtisseries traditionnelles ne désemplissent pas. Même constat pour les prix: c’est presque interdit aux revenus modestes. Certains prennent quand même le risque de dépenser au-dessus de leur capacité «Les amandes et les pistaches coûtent cher, mais on ne peut pas faire l’impasse sur les gâteaux de l’Aïd», explique Fatma, une mère de famille rencontrée dans une épicerie à la rue d’Espagne.
Tradition oblige, les préparatifs pour la fête de l’Aïd El-Fitr pousse beaucoup de familles tunisiennes à se débrouiller pour ne pas laisser les dépenses excessives grignoter davantage leur pouvoir d’achat. Mais, le renchérissement des prix semble déjà leur promettre un arrière-goût amer.
H.G.