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Editorial : Mieux vaut prévenir… - Par Hassan GHEDIRI

Grippe, Bronchiolite, Covid-19, et peut-être aussi des méningites bactériennes qui risquent, malheureusement de se répandre et prendre de l’ampleur après le cas de décès déploré la semaine dernière dans un foyer universitaire à Kairouan. D’autre part, cela fait plusieurs semaines les services de pédiatrie des principaux établissements hospitaliers peinent à gérer l’explosion des cas de bronchiolite qui témoignent la grande contagiosité du virus responsable des complications très graves chez les nourrissons. A l’Hôpital d’enfants Béchir Hamza à Tunis, les infections respiratoires aiguës ont tendance à se multiplier nécessitant une hospitalisation prolongée et une charge médicamenteuse de meilleure qualité. L’on peut comprendre et admettre la saisonnalité de certaines infections respiratoires qui flambent depuis l’automne et qui ne fléchissent pas à cause des conditions climatiques. La même situation semble aujourd’hui être observée dans pratiquement tous les pays de l’hémisphère nord. 

L’efficacité des réponses aux épidémies «ordinaires» se fait principalement par le biais des protocoles de traitement et de vaccination généralement développés dans le cadre des partenariats internationaux. Beaucoup d’incertitudes semblent toutefois planer aujourd’hui sur les systèmes de santé dans le monde et ce pour deux raisons principales. D’un côté, les inquiétudes exprimées par les scientifiques quant aux crises sanitaires auxquelles le monde doit se confronter dans les années à venir. Des scénarios de plus en plus alarmistes ont été établis par les scientifiques sur des «pandémies futures qui vont apparaître plus souvent, se propager plus rapidement, causeront plus de dommages à l’économie mondiale et tueront plus de personnes que la COVID-19», comme on l’a expliqué dans un rapport sur les pandémies mondiales. Cette alerte émise fin 2020 lors d’un atelier virtuel organisé par l’ONU, et auquel ont pris part 22 experts de premier plan du monde entier, aurait été justifiée par un constat selon lequel il existe aujourd’hui dans le monde près de 1,7 million de virus d’origine animale «non découverts», et dont la moitié pourraient avoir la capacité d’infecter les êtres humains. L’autre considération qui doit inciter la Tunisie à renforcer la vigilance et à investir dans le développement d’un système de prévention et de réponse sanitaire efficace, résilient et surtout à développer l’autonomie et l’autosuffisance en matière de vaccination et de traitement. 

Les programmes de soutien et d’assistance techniques et financiers fournis par l’OMS risquent en effet de ne plus être garantis après la décision des Etats Unis d’Amérique de ne plus contribuer au financement du budget de la plus importante organisation onusienne. Le retrait des américains de l’OMS qui sera normalement effectif d’ici un an, risque de chambouler le système de santé mondial et affaiblir la protection des populations dans les pays qui manquent de prendre les bonnes décisions. La Tunisie qui, lors de la pandémie du Covid-19 s’est vue dépendre de l’aide internationale fournie dans le cadre du programme de COVAX destiné à fournir les vaccins aux pays pauvres, pour juguler l’épidémie qui a fait près de 30 mille morts, doit compter sur ses propres moyens. Comme elle n’accepte plus de rester tributaire des aides financières étrangères, la Tunisie ne peut également continuer à dépendre de l’assistance de l’OMS et d’autres institutions d’aide au développement pour faire face aux crises sanitaires. La pandémie du Covid-19 a mis la Tunisie devant l’obligation de renforcer son autonomie en matière de prévention et de gestion des épidémies. Aujourd’hui, il est devenu encore plus urgent pour l’Etat d’investir massivement dans la recherche à travers le développement des partenariats entre les universités, les instituts de recherche et l’industrie pharmaceutique. La Tunisie dispose déjà d’un potentiel scientifique et technique qui nécessite d’être valorisé en vue de développer des vaccins et des médicaments adaptés aux besoins du pays. Pour affronter l’engrenage d’épidémies dévastatrices que les scientifiques estiment, malheureusement, inéluctable, la Tunisie doit investir dans le développement d’un vrai système de santé. Car, il vaut toujours mieux prévenir que guérir.     

H.G.

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