Par Chokri BACCOUCHE
Chouette! Les Palestiniens de Gaza auront des habitations flambant neuves. Parole de Donald Trump. Des pieds à terre dotés de toutes les commodités nécessaires avec des chambres spacieuses et bien aérées, des cuisines installées ultramodernes et bien équipées et des salles de bain avec jacuzzi. Ah les veinards! Billy Valentine, l’arnaqueur fauché interprété par l’inoubliable Eddy Murphy dans le célèbre film «Un fauteuil pour deux», lui, n’a pas eu cette chance. «Quand j’étais môme haut comme trois pommes, nous habitions dans le Bronx dans un quartier malfamé et nous n’avions pas de jacuzzi. Alors pour faire des bulles, nous nous amusions, mes frères et moi, à péter dans l’eau de la baignoire », disait-il dans une des scènes hilarantes de cette comédie à succès. Sacré Trump, il a le cœur tendre envers les pauvres et les victimes expiatoires de l’injustice et il pense chaque jour que Dieu fait à leur avenir et leur bien être. L’Abbé Pierre et Mère Teresa n’auraient pas fait mieux, car, lui est non seulement dotés de bonnes intentions mais il a surtout les moyens financiers de réaliser ce projet qui fait rêver et met l’eau à la bouche à plus d’un. Dans un monde de brutes régi par la loi de la jungle, on peut dire que la «baraka» existe encore pour paraphraser un adage arabe et ce qui fait tellement plaisir, c’est que cette «baraka» est l’œuvre d’un généreux citoyen américain de confession catholique. Non, non, il n’y a pas de clash des civilisations comme certains incorrigibles va-t-en guerre portés sur la gâchette veuillent bien le faire croire. Donald Trump, en tout cas, un juste parmi les justes l’a prouvé de manière remarquable.
Le seul inconvénient dans ce scénario idyllique qui incarne l’altruisme bienveillant, la bonté extrême et la générosité débordante, c’est que «les Palestiniens n’auront pas le droit de retour sur le territoire» une fois Gaza reconstruite et transformée en «Côte d’Azur du Moyen-Orient. Ah! Qu’on nous excuse pour cette regrettable omission, mais le généreux mécène président américain a d’autres projets en tête. Il veut s’approprier Gaza pour son propre compte. En tant que businessman avisé plein aux as, il a senti la bonne affaire et sa muse inspiratrice l’a vivement conseillé dans un de ses rêves qu’il peut s’enrichir encore et encore au point que Crésus ne lui arrivera même plus à la cheville en faisant main-basse sur cette prometteuse et juteuse enclave palestinienne. Et ce qui met davantage l’eau à la bouche, c’est que celle-ci dispose non seulement d’une situation géographique privilégiée en bord de mer mais regorge également d’une bonne réserve de gaz naturel offshore. Bref, elle a tout pour plaire et attirer les affairistes et les investisseurs comme des mouches.
Et les Palestiniens, leurs droits, la légalité internationale, la justice, les valeurs universelles et tutti quanti? Y a pas de souci, pensent les savants architectes de ce génial projet. Les premiers pourront toujours créer leur Etat indépendant en… Arabie saoudite comme le suggère l’homme qui souffle dans l’oreille de Trump, un certain Benjamin Netanyahu, le dernier récipiendaire de l’Oscar du plus grand criminel de guerre du 21e siècle. Quant aux autres considérations, elles pataugent déjà dans les mares glauques avec les cochons. Elles ont été tellement violées impunément qu’elles n’ont plus aucune valeur.
Moralité de l’histoire: nous avons affaire à deux larrons en folie. Le premier, victime d’un accès de fièvre mégalomane, est encouragé par le deuxième qui s’amuse à gonfler son ego à l’hélium dans l’espoir de tirer profit de son délire ubuesque et concrétiser son rêve faussement messianique mais tout aussi cinglé. Le duo cherche à mettre en pratique son jus de cerveau dans une piètre mise en scène où l’aberration et l’aveuglement le disputent à la bêtise, l’extravagance et l’inconscience. De quoi en faire de sérieux clients pour la camisole. Le délire de Trump et la proposition saugrenue de son alter-ego israélien ont créé un tollé international, y compris aux Etats-Unis. Les critiques acerbes dénonçant ce projet et les indignations virulentes ont fusé de partout aux quatre coins de la planète. La communauté internationale donne ainsi un signe qui ne «Trump» pas sur son rejet catégorique de ce fait accompli, fruit de quelques esprits complètement dérangés qui cherchent à imposer leur diktat contre la volonté de tous. Réussiront-ils à le faire? Le marrant Billy Valentine a une bonne réponse à cette question : quand on n’a pas de jacuzzi at home, on peut toujours péter dans l’eau de la baignoire pour faire des bulles. Notre duo serait bien inspiré de faire bon usage de ce précieux conseil…
C.B.