Par Myriam BEN SALEM-MISSAOUI
C’est du moins ce que pense le vice-président de la BM lors de sa dernière visite à Tunis. Qu’est-ce qui empêche, justement, notre pays de briller en matière des nouvelles technologies?
Le vice-président de la Banque Mondiale pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord, Ousmane Dione, a indiqué, vendredi dernier, sur les ondes de radio Express FM, que « La Tunisie a la possibilité de devenir le Singapour du continent africain, à la fois en termes de technologies avancées et de logistique et de ressources humaines». Et si les autres nous reconnaissent ce fort potentiel, qu’est-ce qui empêche, alors, notre pays de briller en matière des nouvelles technologies? Ce n’est pas la première fois, par ailleurs, que de hauts dirigeants mondiaux apportent un tel témoignage en faveur de la Tunisie. En effet, en mars 2023, le directeur du service des délégués commerciaux, gouvernement du Canada, avait indiqué que «le secteur des technologies d’information et de communication (TIC) en Tunisie est un secteur porteur, disposant d’un potentiel commercial confirmé par un savoir-faire reconnu sur le marché international. Grâce à sa position géographique avantageuse et son ouverture vers le reste du monde, la Tunisie constitue une destination privilégiée pour les entreprises étrangères du secteur TIC, car elle peut servir de hub pour l’Europe, l’Afrique et le Moyen-Orient. La plupart des firmes internationales de renommée sont présentes sur le marché tunisien, comme SAGEM, Alcatel, Orange, Bull, Ericsson, Ooredoo, Fujitsu et IBM. Ces firmes sont fortement intéressées par l’investissement étranger et le partenariat».
Bien que beaucoup puissent considérer que la Tunisie a le potentiel nécessaire pour avancer sur tous les plans, il semble que la volonté politique n’est pas encore à son apogée. Il faut, ainsi, et de l’avis de plusieurs observateurs, mettre les points sur les i. Ce n’est pas aussi compliqué, il suffit de donner plus de considérations à tout ce qui fait avancer le pays comme investir dans la création des start-ups, l’intelligence artificielle, etc. Tout ira bien. Il y a un point important, tant évoqué, telles ces familles au pouvoir économique incontestable, et qui ont réduit les capacités des générations actuelles et futures à répondre à leurs besoins au nom de l’augmentation des exportations, la création d’entreprises et la rentrée de devises étrangères. Il faut mettre un terme à tout cela.
Etat des lieux et réformes…
Interrogé, à cet effet, à propos de ce sujet, l’ingénieur en informatique, Fakher Karouida, nous a, à son tour, confié: «Il faut savoir que nous sommes d’ores et déjà pionniers et leaders sur le continent africain dans plusieurs secteurs comme le développement des logiciels pour web et mobile, la télécommunication 5G, la Fintech et gouvernement électronique, la cybersécurité et l’intelligence artificielle. Mais on peut faire mieux si on ouvre la porte aux jeunes promoteurs, pour casser le monopole et surtout réformer le Code des changes».
En chiffres, la contribution du secteur TIC au PIB de la Tunisie est de l’ordre de 7.5%. La Tunisie se positionne au second rang à l’échelle africaine en matière de préparation à l’intelligence artificielle. On estime, également, à 113 000 emplois dans le secteur TIC en Tunisie. Selon l’ingénieur, Fakher Karouida: «On peut faire mieux lorsqu’on sait que 727 start-up labellisées sont actives en Tunisie. Mais, lorsqu’on sait, également, que la majorité des start-ups sont freinées dans leur progression par le Code des changes, il est urgent d’apporter les réformes nécessaires afin de les aider à résister à la concurrence et devenir plus compétitives. L’autre jour, Bassem Ennaïfar, expert économique et analyste financier, disait que le grand problème de ces start-up reste la taille du marché, le cadre juridique et la disponibilité des ressources. Il y a un besoin de s’internationaliser. Mais pour le faire, il faut adapter son offre aux exigences des marchés étrangers, ce qui nécessite des compétences, donc des charges élevées dont ces entités ne disposent pas souvent. La plupart du temps, c’est compliqué sur le plan des procédures, avec des lois tunisiennes restrictives, surtout en matière de change. Il faut focaliser l’action publique sur la promotion de cette culture chez les jeunes dans les régions de l’intérieur, où les bons exemples manquent. Des fonds doivent être dédiés à ces gouvernorats, puisque c’est plus simple d’opérer pour les start-up implantées dans les grandes villes. Ce n’est pas acceptable de constater que même dans les start-up, il y a un gap régional. Ces réformes permettront, de fait, aux jeunes d’accéder à ce marché et casser le monopole ».
M. B. S. M.