Par Myriam BEN SALEM-MISSAOUI
Le membre de l’Assemblée des Représentants du Peuple, Badreddine Gammoudi, a appelé au démantèlement de ce qu’il appelle le «parti de l’administration». Pourquoi, justement, notre administration garde toujours ses vieux réflexes et peinent à se révolutionner?
Le député à l’Assemblée des Représentants du Peuple, Badreddine Gammoudi, a appelé au démantèlement de ce qu’il appelle le «parti de l’administration» (une expression utilisée pour décrire un réseau constitué de hauts cadres et de responsables au sein de l’administration tunisienne), peut-on lire dans une dépêche relayée par le site Business news. Dans une publication sur Facebook du 11 décembre 2024, Badreddine Gammoudi a affirmé que le «parti de l’administration» était à l’origine de la corruption en Tunisie et de la lenteur de son développement. Selon lui, le démantèlement de ce parti est devenu une nécessité. C’est, ainsi, la corruption qui gangrène toujours notre administration et rien qu’en 2020, 1,5 million de Tunisiens avaient déjà payé 570 millions de dinars de pots-de-vin, révèle une étude sur la petite corruption en Tunisie menée par l’Association tunisienne des contrôleurs publics en collaboration avec le Centre national des tribunaux d’Etat. La petite corruption, appelée corruption administrative, a encore gagné du terrain avec la pandémie de Covid-19, enregistrant ainsi une hausse de 21% par rapport à 2014, souligne cette étude. Par secteur, les résultats de l’enquête montrent que les secteurs dans lesquels la corruption est la plus répandue sont la sécurité (50%), la santé (20%), les collectivités locales (14%), et les établissements publics de tout genre (10%). Les autres secteurs demeurent concernés, à des degrés moindres, par la corruption, à l’instar de l’Equipement, des banques et du transport et même les syndicats et les partis politiques. A rappeler que la «petite corruption» se produit lorsqu’une personne soudoie des fonctionnaires, comme des policiers, des professionnels de la santé ou des agents des douanes, dans le but de bénéficier d’un traitement préférentiel ou d’accélérer des démarches bureaucratiques. Même si les sommes en jeu sont généralement faibles, la petite corruption est considérée comme répandue et difficile à éradiquer.
Certains observateurs persistent et signent qu’il faut une révolution au sein de l’administration. Cette révolution doit être la priorité des priorités et ne doit pas concerner uniquement l’administration mais toute la population tunisienne, dont une majorité est tantôt corrompue tantôt corruptrice. Faire semblant que ça ne concerne que le voisin est une hypocrisie, le bakchich est dans nos pratiques quotidiennes pour contourner un obstacle, éviter une contravention, obtenir illégalement ce que nous devons obtenir légalement ou s’adjuger un marché...C’est un fait culturel, un rituel. Pourquoi, justement, notre administration garde toujours ses vieux réflexes et peine à se révolutionner?
Une pratique qui a la peau dure?
En plus de la corruption, l’administration tunisienne pèse lourd sur le budget de l’Etat avec une masse salariale avoisinant le 1/3 du budget. A cet effet, le juriste Salem Chérif nous a confié: «Avec plus de 700.000 mille fonctionnaires, il est logique que l’administration tunisienne connaisse une telle crise organisationnelle. De fait, les rôles sont mélangés et même qu’un grand nombre de fonctionnaires constitue une surcharge qui paralyse le bon fonctionnement du service public. Je vous rappelle que selon l’édition 2018 de l’indice Doing Business, la Tunisie a perdu 11 places pour se retrouver à la 88e place mondiale, perdant 46 places en 7 ans. L’analyse de cet indice montre que la Tunisie fait face à un problème structurel: la bureaucratie. La longueur des délais ainsi que la lourdeur et la complexité des procédures administratives font que l’une des réformes majeures les plus attendues en Tunisie est celle de l’administration publique», a affirmé Wafa Laâmiri, présidente du Centre des jeunes dirigeants de Tunisie.
Selon l’édition 2018 de l’indice Doing Business, la Tunisie a perdu cette année 11 places pour se retrouver à la 88e place mondiale, perdant 46 places en 7 ans. L’analyse de cet indice montre que la Tunisie fait face à un problème structurel : la bureaucratie. La longueur des délais ainsi que la lourdeur et la complexité des procédures administratives font que l’une des réformes majeures les plus attendues en Tunisie est celle de l’administration publique». Et d’ajouter: «Pis encore, les résultats de l’enquête ont démontré que 76.3% des PME sondées considèrent que l’administration publique représente un sérieux obstacle sévère, majeur ou modéré contre seulement 15,3% qui considèrent qu’elle ne représente pas un obstacle».
M. B. S. M.