Par Hassan GHEDIRI
L’Assurance maladie doit se débrouiller pour débloquer plus de 100 millions de dinars aux pharmaciens conventionnés et selon un calendrier pouvant être établi avec la profession…
Plus de quatre mois d’impayés. Voilà le principal point de discorde qui devrait être dénoué d’ici peu pour ne pas chambouler le système du tiers payant auquel sont affiliés un peu plus de 700 mille assurés sociaux en Tunisie. Les retards excessifs que cumule la Caisse nationale de l’assurance maladie devraient aujourd’hui se chiffrer à plus de 100 millions de dinars, selon les estimations du président du syndicat des pharmacies d’officine de Tunisie (SPOT), Mohamed Zoubeïr Guiga.
Contacté par «Le Quotidien», Guiga a expliqué que le montant global peut être établi à titre approximatif sur la base d’un chiffre d’affaires mensuel moyen de l’ordre de 25 millions de dinars. Et de souligner que la CNAM manque aujourd’hui d’honorer des engagements dépassant 130 jours, c’est-à-dire plus de quatre moins d’impayés. Conformément aux dispositions de la convention sectorielle qui arrive à échéance le 31 décembre 2024, la Caisse est toutefois tenue à payer dans un délai ne dépassant pas 14 jours l’intégralité des sommes qui lui sont dues en faveur des pharmacies dans le cadre du régime tiers-payant.
Peur des chèques…
Le président du SPOT tient toutefois à souligner que le problème n’est pas l’argent mais les préjudices que subissent les pharmaciens qui n’arrivent plus à assurer la régularité d’approvisionnement en médicaments, ce qui nuit aux intérêts des assurés sociaux en termes d’accès aux prestations de soins. Avec les nouvelles réglementations sur les chèques qui renforcent les sanctions contre les chèques sans provision, les pharmaciens ne peuvent plus par exemple traiter avec des chèques de garantie et ils sont souvent obligés de payer leurs fournisseurs à la livraison. Au vu du manquement à ses engagements par la CNAM et à la nouvelle donne imposée par les fournisseurs, il ne reste plus aucune marge de manœuvre pour les pharmaciens qui conditionnent désormais le renouvellement de la convention avec la CNAM par le règlement des impayés.
Le SPOT ne compte cependant pas opter pour l’escalade comme nous l’affirme son président qui croit qu’un terrain d’entente est toujours possible. «Nous n’allons pas engager un bras de fer avec la CNAM parce qu’in fine, ce sont des milliers d’assurés sociaux qui seront les grands perdants», dixit notre interlocuteur. Avant-hier, à l’issue d’une réunion avec la CNAM qui n’a accouché d’aucun progrès, le président de la SPOT a sollicité l’intervention du ministre des Affaires sociales pour faire bouger les choses afin d’aider à décaisser au moins une partie des montants dus aux pharmaciens d’officine. «J’estime que de petits versements de 15 jours vont être effectués d’ici peu, mais ceci reste insuffisant», note Guiga qui pense que son syndicat est en train de faire toutes les concessions possibles, mais sans toutefois compromettre fondamentalement l’intérêt des pharmacies.
H. G.