Par Myriam BEN SALEM-MISSAOUI
Les analystes tunisiens décortiquent les tenants et aboutissants de cette déclaration fracassante
Trump impute la responsabilité dans la chute du régime de Bachar Al Assad à la Turquie. Que veut la Turquie, justement, de son voisin du Sud? Donald Trump a estimé lundi dernier que la Turquie avait effectué «une prise de contrôle inamicale» de la Syrie, après que des groupes rebelles — dont certains soutenus par Ankara — ont renversé le gouvernement de Bachar Al-Assad.
Citée par la presse française, la décision du président américain a été largement commentée par les observateurs internationaux notamment en qualifiant le président turc, Erdogan, de «gars intelligent», «La Turquie est très intelligente. C’est un gars intelligent, et il est très tenace», a déclaré le futur président américain lors d’une conférence de presse, vraisemblablement en allusion au président turc Recep Tayyip Erdogan, avant d’ajouter : «La Turquie a fait une prise de contrôle inamicale sans que beaucoup de vies ne soient perdues. Je peux dire qu’Assad était un boucher». En effet, depuis 2016, la Turquie exerce une influence considérable sur le nord-ouest de la Syrie, entretenant des relations avec le groupe Hayat Tahrir al-Sham (HTS), ancienne branche syrienne d’Al-Qaïda et considéré comme terroriste par de nombreux pays occidentaux. Le gouvernement turc s’est dit «prêt» dimanche dernier à fournir de l’aide militaire si le nouveau gouvernement syrien mené par les rebelles islamistes lui en faisait la demande. «Il faut attendre de voir ce que fera la nouvelle administration. Nous pensons qu’il est nécessaire de leur donner une chance», a déclaré le ministre turc de la Défense, Yasar Güler. Que veut la Turquie, justement, de son voisin du sud?
Réactions
Interrogé à ce sujet, Me Houssem Eddine Ben Atiya, spécialiste du Monde arabe, nous a confié: «L’on sait que lors de la tenue de la réunion de Doha au Qatar, les Turcs ont ouvertement proposé au régime de Bachar Al Assad de «lâcher» les kurdes contre une paix durable avec Ankara. Seulement, les Syriens ont rejeté ce plan. Alors, c’est le président Erdogan qui a donné l’ordre aux rebelles d’entamer une offensive éclair dans le nord de la Syrie. Conjointement, l’Iran a ordonné à ses troupes stationnées en Syrie de se replier vers les frontières irakiennes. L’effondrement du régime de Bachar Al Assad devenait alors éminent. De fait, à quoi faut-il s’attendre dans la période à venir? A mon avis, la Syrie sera divisée en trois Etats, islamique sunnite, Kurde pro turc et un Etat chiite. L’objectif est la liquidation totale de la cause palestinienne et derrière un remodelage de la carte géographique de toute la région du Proche-Orient». De son côté, le juriste Salem Chérif nous a indiqué: «Il est évident que les turcs ont joué un rôle dans la chute du régime de Bachar Al Assad, mais aussi les sionistes et les Américains ainsi que leurs alliés arabes. Alors, nous sommes face à une nouvelle donne qui probablement va changer le visage de la région qui ou elle basculera dans l’anarchie totale ou elle sera contrainte de se soumettre à la domination des sionistes».
M.B.M.M.