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Interview - Jamila Chihi : Habiba, une femme combattante comme la majorité des Tunisiennes

Elle est Habiba dans la série «Harissa Land». Jamila Chihi nous raconte la genèse de ce personnage qui a marqué les mémoires des Tunisiens et surtout les accros de la Harissa. Rencontre.

Le personnage de Habiba vous a libérée du personnage de Zeyneb de la sitcom «Choufli hall». Comment avez-vous trouvé la composition de ce personnage?
J’ai adoré la composition du personnage. C’est un nouveau rôle, très différent de mes précédents rôles, il m’a permis de sortir de ma zone de confort, de me renouveler en tant qu’actrice, de me réinventer. Habiba est une femme débrouillarde, combattante comme la majorité des femmes tunisiennes. C’est une femme qui veut aider sa famille, qui cherche à être plus ou moins indépendante sur le plan financier et qui, pour atteindre son objectif, s’est donnée à la confection de la Harissa. A travers ce rôle, je salue toutes les femmes porteuses de projets, toutes les femmes qui militent pour avenir meilleur… Habiba est une femme persévérante, qui croit en la notion de la famille, et qui, d’une manière ou une autre, sans le savoir, préserve un aliment phare de la tradition culinaire tunisienne. Elle commence par la Harissa piquante et elle finit avec le makroudh, avec toute sa douceur et sa symbolique.

Contrairement à tous les personnages de la série, Habiba avait un style vestimentaire très particulier. Soit un foulard fleuri sur les cheveux, soit une fleur ornant également sa chevelure sans également ce rouge à lèvres, présent dans tous les épisodes
Belle remarque. Sur ce plan, Habiba me ressemble beaucoup. C’est une femme qui, malgré les problèmes qui surgissent au sein de sa famille de temps à autre, malgré un mari qui n’aime pas la Harissa et qui s’oppose à ce projet, elle tient à avoir une attitude positive, à véhiculer des ondes optimistes, à ne pas sombrer dans les problèmes. On a beaucoup travaillé sur le look de Habiba, moi, Zied Letaïem, Jamel Madani et toute l’équipe, nous avons voulu qu’elle sorte du déjà-vu, de l’image classique véhiculée sur la femme au foyer.
Habiba, une femme qui aime les couleurs et qui communique à son entourage une certaine harmonie, de la vie, de l’espoir.

Comment avez-vous trouvé Riadh Hamdi dans le rôle du frère et quel est le secret de cette alchimie?
Il faut dire d’abord que le casting a été réussi. J’ai déjà joué avec Riadh Hamdi dans «Porto farina» de Brahim Letaïef. On se connait alors. Pour Jamel Madani, on a déjà collaboré beaucoup ensemble. Pour cette fois-ci, Ridah Hamdi joue le rôle de mon frère. Professionnel, le jeu sincère, il n’est pas à présenter. Dans «Harissa Land», nous avons formé un superbe duo. Il y avait cette attente qui nous a permis de donner le plus, de marquer la mémoire des spectateurs, de faire quelques clins d’œil sur la solidarité entre les membres de la famille… A mon avis, l’un des points forts de «Harissa Land» est le casting. D’ailleurs, malgré que le sujet initial abordé soit sérieux, il y avait de la comédie. 

Quelles sont les productions télévisées ramadanesques qui ont capté votre attention?
— Je ne vous le cache pas, j’ai suivi «Rafle» et «Fitna», j’ai vraiment aimé la performance des acteurs, l’histoire et sa mise en scène. Et également «Harissa Land» en tant que produit fini. Il y a certes d’autres productions qui méritent le détour mais comme toutes les productions sont diffusées en prime-time, le suivi devient difficile. Après Ramadan, certaines œuvres seront rediffusées sur nos chaînes de télévision ou sur les plateformes, ça sera pour moi le moment adéquat pour tout suivre à tête reposée. On ne peut pas évaluer d’après 5 mn du visionnage ou même un épisode. En tant qu’actrice, je vois que cette année, il y a eu une nette évolution dans les productions télévisées. Je salue les efforts de la Télévision nationale et les chaînes privées, espérant que cette dynamique perdurera.

Dans quelques jours, nous célébrons la Journée mondiale du théâtre, le 27 mars, qu’avez-vous préparé en tant que directrice du Pôle théâtre et arts scéniques du Théâtre de l’Opéra?
Pour nous acteurs et actrices, metteurs en scène et metteuses en scène, dramaturges et techniciens du théâtre, ce jour revêt une grande importance. Au Théâtre de l’Opéra, et au Pôle Théâtre et arts scéniques, nous avons toujours un programme spécial pour mettre en exergue ces artistes d’ombre et de lumière, ces faiseurs de rêve.
Pour cette année, il y aura comme toujours de la musique, de la bonne ambiance et ce à partir à 21h00. A la place des théâtres, il y aura le nouveau spectacle de Benjemy et Haithem Hadhiri. Pour la cérémonie officielle qui commence aussi, à 21h30, au Théâtre de l’Opéra, nous proposons au début de la soirée une lecture de la Déclaration de la Journée mondiale du théâtre puis il y aura un hommage à des artistes qui ont marqué de leurs empreintes la scène théâtrale nationale, à savoir Mouna Noureddine, Raouf Ben Amor, Latifa Gafsi, Bahri Rahali, Fatma Ben Saïdane et Mounir Argui. Un hommage-posthume sera rendu à Fethi Haddaoui et Amara Melliti.
La soirée se poursuivra au Théâtre de l’Opéra avec un concert de «Si Lemhaf». Parallèlement, le Théâtre des Régions abritera, à partir de 22h30, une nouvelle représentation de «Bakhara» de Sadok Trabelsi qui a été le 21 mars, dans une représentation exceptionnelle à Gabès. A minuit, le Centre des arts dramatiques et scéniques du Kef présentera sa nouvelle création «Sous pression» de Rayane kayraouani. La célébration se poursuit et le public aura rendez-vous à 1h20 avec «Fake silence», production de «Be Actor Studio» et encadrement de Meryem Hassan.

Que proposez-vous d’original pour cette soirée?
Une belle surprise pour la fin de la soirée. La clôture de cette fête sera avec la projection d’une pièce de théâtre qui a été filmée à l’époque, il y a plus de cinquante ans. Eh oui, un demi-siècle, précisément en 1971. Il s’agit de «Juha et l’Orient tourmenté» (Juha wel charq al haiîr), production du Théâtre du Sud à Gafsa. La pièce est signée par Mohamed Raja Farhat pour le texte et l’adaptation et Fadhel Jaïbi pour la mise en scène. Comme vous voyez, nous commençons juste après l’Iftar pour terminer avec Al-Imsek et nous espérons comme les précédentes éditions accueillir à cette soirée-ci des centaines de visiteurs. Cette œuvre qui est en bon état est un document de l’époque car on voyait toute l’ambiance, c’est-à-dire on voit le public du théâtre dans les années 70 et c’est très beau, surtout ces femmes avec sefsari. Un coup de cœur! 

Quels sont les nouveaux projets sur lesquels se penche actuellement votre département?
— Nous nous penchons sur l’examen des candidatures que nous avons reçues pour les deux appels à projets de production et de coproduction. Nous cherchons des projets innovants qui ont un impact, qui font évoluer la pratique théâtrale. Nous voulons que nos œuvres contribuent à la dynamisation de la scène théâtrale, et également à la découverte de nouveaux talents. Dès que la commission achève ses travaux, nous pensons au vif du sujet: la production.

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