Par Imen Abderrahmani
Derrière chaque mosquée, chaque zawia, toute une histoire et tout un savoir-faire. « Merveilles de l’architecture religieuse : Mosquées et Zawiyas de Tunisie IXe- XIXe s.J.-C. » de Abdelaziz Doulati mène son lecteur à la découverte des spécificités architecturales de nombreux lieux de culte.
Bel ouvrage, bilingue, paru aux Editions Alif en collaboration avec l’Agence de mise en valeur du patrimoine et de promotion culturelle (AMVPPC), « Merveilles de l’architecture religieuse en Tunisie » retrace l’évolution stylistique, architecturale et décorative de l’art religieux qu’a connu la Tunisien entre le 9ème et le 19ème siècle. Une évolution et un savoir-faire qui sont bien racontés au fil des pages, à travers des textes clairs et saisissants signés par un historien de renom Abdelaziz Doulati qui a déjà à son actif deux autres ouvrages : « La Mosquée Zitouna Tunis » et « Tunis Capitale des Hafsides » et de très belles photos réalisées par Mohamed Salah Bettaieb, qui a filmé avec beaucoup de passion la Tunisie, avec ses villes et villages, son artisanat, ses artisans, ses produits agricoles, enrichissant ainsi avec ses belles photos de nombreuses publications…
La partie française de l’ouvrage s’ouvre sur une vue aérienne du Grand Tunis, montrant bel et bien les six mosquées qui sont concentrées dans l’hyper centre de la médina et dont chacune correspond à une étape importante de l’histoire de Tunis. Il s’agit de la mosquée Zitouna, la mosquée de Béni Khourassan, la mosquée de la Kasbah, la mosquée Youssef Dey, la mosquée Hammouda Pacha et la mosquée Mohamed Bey. Quant à la partie arabe, elle s’ouvre sur une vue époustouflante du village Douiret avec sa mosquée et son architecture typique.
Ces détails qui font la différence
Composé de deux parties, « les mosquées » et « les Zawiyas », l’ouvrage invite son lecteur à faire le tour de la Tunisie à travers une bonne sélection de monuments religieux, mettant l’accent sur l’apport de chaque dynastie sur l’architecture et l’art religieux.
Focalisant sur l’architecture aghlabide, l’architecture fatimide et ziride, l’architecture almohado-hafside et l’architecture sous les dynasties mouradite et husseïnite, l’ouvrage, apporte des éclairages sur les spécificités de chaque style architectural, montrant quelques détails qui font la différence d’une époque à une autre.
De la grande mosquée de Kairouan, de la mosquée Zitouna, des ribats de Monastir et Sousse, de la grande mosquée de Sfax, de la grande mosquée de Testour… et de la mosquée de Bled El Hadhar à Tozeur, l’historien nous parle, mettant l’accent sur quelques détails architecturaux comme les colonnes et les chapiteaux de la salle de prière de la Grande mosquée Zitouna, le mihrab de la grande mosquée de Kairouan, les supports de la salle de prière de la grande mosquée de Sousse, le porche d’entrée de la grande mosquée de Mahdia, la « qibla » de la mosquée de Bled El Hadhar à Tozeur , l’architecture chrétienne de la mosquée de Testour…
Consacrée aux « Zawiyas », ces lieux sacrés à multiples vocations et diversité architecturale, la 2ème partie de cet ouvrage s’ouvre sur une photo du mausolée de Sidi Ben Dhahana à Tamerza. « Dans le vieux village, déserté en 1969 à la suite d’innondations meurtrières, seul le mausolée et la mosquée semblent, de nos jours, encore en exercice », lit-on dans l’ouvrage qui met en valeur leur architecture et décor, donnant des aperçus sur le vécu de nombreux saints qui ont marqué la vie socio-religieuse en Tunisie du 9ème au 19ème siècle.
Parmi les grandes zawiyas citées dans l’ouvrage figurent : Sidi Mahrez ibn khalaf à Tunis, Sidi bou Ali Sunni (Nefta), Abou Said al- Béji (Sidi Bousaid), Abou Hassan al-Chadhili (Tunis), Aicha Al mannoubia (La Mannouba), Ahmed Ibn Arous (Ben Arous), Sidi Bou Makhlouf (Le kef), Sidi Amor Abada (Kairouan), Ibrahim Riahi (Testour) et Abou Ali al-Sunni (Tozeur)…
Raconter les lieux de culte à travers l’architecture ne peut qu’attiser la curiosité du lecteur, qui, en entrant à l’une de ces mosquées pour la prière, n’a qu’à lever les yeux pour contempler l’architecture de la toiture ou encore observer de près le « mihrab » ou le « minbar » pour découvrir ces détails qui ont fait de ces lieux de vraies merveilles pour les yeux…
Richement illustré, les textes écrits avec beaucoup de précision et de fluidité, l’ouvrage se veut une invitation pour découvrir ce patrimoine méconnu et pour réfléchir sur l’art islamique et sur ces artisans et ces architectes du bon vieux temps dont les ouvrages continuent à défier le temps.
I.A.