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Médenine célèbre l’inscription de « Arts du spectacle chez les Twayef de Ghbonten »

Le coup d’envoi des célébrations de l’inscription de cette expression artistique sur la liste du patrimoine culturel immatériel de l’humanité a été donné dimanche  dans la délégation de Sidi Boumakhlouf, à Médenine.

A cette occasion, une cérémonie officielle a été organisée à Médenine au cours de laquelle une performance a été donnée par les « Twayef de Ghbonten » en présence des responsables régionaux et locaux ainsi que les membres de l’équipe scientifique relevant de l’Institut national du patrimoine (INP) ayant préparé le dossier de candidature « Les arts du spectacle chez les Twayef de Ghbonten », dirigée par Imed ben Soula, chercheur en patrimoine culturel immatériel.

Dans une déclaration à la correspondante de TAP à Médenine, Imed ben Soula a souligné que l'élément des arts du spectacle constitue le premier du genre à être inscrit au patrimoine mondial. Au-delà de la singularité des textes lyriques, l'élément des arts du spectacle chez les Twāyef de Ghbonten a été inscrit pour ce qu'il représente pour ces habitants du Sud de la Tunisie, a-t-il expliqué, qualifiant leur poésie de « recueil oral complet témoin d'une histoire et d'une société ».

Pour sa part Hechmi Houssine, chercheur en civilisation ayant travaillé sur les arts du spectacle chez les « Twayef de Ghbonten », a déclaré que la particularité de cet élément culturel est qu'il constitue un art alliant « authenticité et multiculturalité ».

Cependant, les historiens n’ont pas tranché sur les débuts et l’origine des arts du spectacle chez les « Twayef de Ghbonten », a-t-il indiqué. Pour certains, les « Twayef de Ghbonten » se sont affirmés à travers les arts du spectacle avec l’abolition de l’esclavage, comme étant un moyen d’intégration sociale, tandis que d’autres attribuent ces arts aux populations originaires d’Afrique centrale, a expliqué le chercheur.

Déposé depuis 2021 pour inscription sur la liste du patrimoine immatériel de l’Unesco, l'élément « Les arts du spectacle chez les Twayef de Ghbonten » (Twāyef Ghbonten, ṭwāleb, chwāchīn, jrāyed el-Arab) rassemble les traditions et expressions orales; les pratiques sociales, rituels et événements festifs et les savoir-faire liés à l’artisanat traditionnel, peut-on lire dans le dossier de candidature publié sur le site de l’Unesco.

L’élément marque un vaste territoire qui couvre la région du Sud-est tunisien, notamment le gouvernorat de Médenine où il se concentre au niveau du village d’El-Gosba qui abrite cinq troupes, et au village de Mouggar de la délégation de Béni Khedache où deux troupes sont rattachées à la même branche de la communauté tribale des Ghbonten.

Par ailleurs, les cérémonies animées par cette forme de spectacle s’étalent à travers toute la région. Elles incluent des villages, des centres et agglomérations rurales et urbaines et des villes, aussi bien sur le littoral qu’à l’intérieur : Médenine, Ben Guerdane, Béni Khedache, Koutine, Metameur, Sidi Maklouf, Ksar Jraa, ainsi que l’Ile de Djerba.

L’élément est la résultante d'un processus historique que vécurent les communautés noires en tant que composante ethnique fondamentale de la société tunisienne, dans le cadre de la mobilité territoriale et commerciale qui reliait les deux rives de la Méditerranée à l’Afrique subsaharienne.

Les arts du spectacle de ces troupes s’inscrivent dans la tradition séculaire des poètes voyageurs, sorte de bardes des tribus du Sud tunisien. Quand les Twāyef introduisirent à cette tradition orale le tambourin mobile (chenna), les chants et les danses, un spectacle plus varié a vu le jour. Ces troupes sont devenues de véritables animatrices des festivités matrimoniales de ces tribus qui commençaient progressivement à se sédentariser avec l’avènement du protectorat français et l'érection d’un grand nombre de villages dans toute la région.

Cet art trouve son origine au milieu du XIXe siècle, dans le contexte de l’abolition de l’esclavage en Tunisie en 1846, qui a favorisé la naissance d’une forme d’expression artistique unique, issue d’un brassage culturel d’influences africaines, berbères et arabes.

Les performances associent parole scandée ou chantée par des artistes vêtus de drapés blancs et coiffés de chéchias rouges, mouvements dansés et rythmes du tambourin à calice appelé chenna, qui joue un rôle structurant dans le spectacle en stimulant les danseurs et le public, hommes et femmes. Ces représentations s'ouvrent aujourd'hui à de nombreux événements d'envergure à l'échelle nationale et internationale et affichent leur présence à de grandes manifestations culturelles.

 

Le Quotidien avec TAP

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