Son spectacle, lors de la soirée, de l’ouverture a drainé un grand public. Idem pour la 2ème représentation qui a eu lieu hier, au Théâtre de l’opéra. Œuvre à la croisée des genres où l’art dramatique fusionne avec l’art chorégraphique et où la création musicale se marie parfaitement avec la musique naturelle, « Star returning » a basculé la certitude de nombreux metteurs en scène tunisiens et étrangers qui ont pris part à ce spectacle non-conventionnel, spirituellement et culturellement chargé.
Réalisé et conçu avec la communauté YI, dépoussiérant l’héritage musical et sonore de cette ethnie de la région de Daliangshan en Chine, le spectacle se veut porteur d’une série d’interrogations sur l’existence humaine, sur la relation qu’entretient l’homme aujourd’hui, avec la terre, avec la nature…
Artiste multidisciplinaire, Lemi Ponifasio, le metteur en scène de cette œuvre a été hier, à la salle Sophie El Goulli, à la rencontre des médias et des professionnels.
De l’importance de la sauvegarde et de la transmission de l’héritage culturel des minorités et du rôle de l’artiste, il parlé lors de cette rencontre, soulignant que seule cette transmission d’une génération à une autre peut garantir une vraie harmonie avec le cosmos, parce qu’il y aura toujours ceux qui vont s’opposer à toutes les initiatives et les projets qui peuvent détruire cette harmonie.
S’approprier sa culture au-delà de toutes les formes de standardisation des goûts et des visions, la partager avec l’autre différent avec fierté, assumer sa différence en toute fierté, en considérant cette différence comme une richesse ainsi a qualifié le metteur en scène Lemi Ponifasio la démarche de cette œuvre et également de ses précédentes œuvres où il focalise sur l’humanité.
Evoquant sa pièce « Jerusalem » (2023) qui a été présentée, l’année dernière, sur le Grand théâtre de Luxemburg, «Cette œuvre est une réponse aux écrits du poète syrien Adonis dont un des recueils m’a été offert par un ami», a précisé Lemi Ponifasio. « Quand j’étais petit, je pensais que Jérusalem était une ville du Paradis. En tant qu’adulte, j’ai découvert que la réalité est très différente. Ce contraste m’a fait réfléchir et interroger sur des questions d’ordre politique, idéologique ».
Lemi Ponifasio a précisé qu’il considère le théâtre comme un moment de partage une expérience collective où chacun ressent et vit une expérience unique avec l’œuvre, selon sa sensibilité et ses références. « Mon travail c’est aussi une invitation à re- contextualiser notre héritage pour mieux vivre notre présent et penser notre avenir dans une relation pacifiée avec l’autre et avec la nature. Aller au théâtre ce n’est pas seulement un moment de divertissement mais surtout un moment de communion spirituel avec soi. » a- t-il affirmé.
S’agissant de la scénographie et la lumière dans ses créations, Ponifasio a fait savoir qu’il opte pour les conceptions épurées de l’espace et de la lumière, misant sur le clair/obscur afin d’impliquer d’une manière intime le spectateur dans l’œuvre d’une part et avec les artistes-performateurs d’autre part. Dans le spectacle, le rythme, la scénographie et la lenteur du geste sont pensés d’une manière à interpeller le public et l’inviter à utiliser son imagination et non sa logique a-t-il expliqué, ajoutant que « Pour apprendre, il faut aller à l’école et pour nourrir son imagination, il faut aller au théâtre ».
Imen.A.