Passionnée de l’écriture, Yesmine Ben Khémis, jeune étudiante tunisienne, a choisi de porter sur les feuilles de son premier roman fraichement paru aux Editions Nous (avril 2024) toutes les angoisses des parents comme des enfants victimes d’agressions sexuelles et physiques à travers l’histoire de la petite Meryem qui a disparu brusquement et dont le cadavre a été retrouvé deux mois après, quelques heures avant la nouvelle année sans que la police parvienne à identifier son agresseur.
Pour raconter cette tragédie et pour mieux ausculter la société avec ses complexes et la nature humaine, la jeune écrivaine a choisi de commencer par le début, de partager avec son lecteur le quotidien de la petite écolière dont le père travaille dans l’armée et la mère est au foyer.
Meryem dont la famille vient de s’installer dans ce petit village vit dans une grande prison. Elle est interdite de jouer avec d’autres enfants à l’extérieur, de parler avec ses amis de classe, de choisir dans le restaurant ce qu’elle veut manger… Tout est bien tracé par son père et elle n’a qu’obéir et à fermer ses oreilles à chaque fois que les voix de ses parents se lèvent le soir et la discussion entre eux se transforme très souvent en une querelle.
Un jour, la petite Meryem a disparu. Personne n’a vu la petite… Les différentes enquêtes policières menées ont échoué. Aucun indice. Tous les soupçonnés ont été interrogés et tous les récits ont été examinés mais en vain…
La jeune autrice a choisi de raconter le processus d’investigation et à décrire les différentes tentatives menées à titre individuel par les parents de la petite comme officiellement par la Police parallèlement à un autre récit, celui de l’agresseur… Yesmine Ben Khémis qui fait des études juridiques a essayé d’explorer et d’analyser la psychologie de l’agresseur, détaillant les différentes sortes de torture auxquelles Meryem a dû supporter…
Roman qui fait froid dans le dos, « Douma Tha-iîra » (Poupées rebelles) va au-delà de la tragédie de cette petite fille pour disséquer la société, mettant en lumière certains comportements et situations, des histoires d’une enfance lointaine malheureuse, qui peuvent être aux origines d’un déséquilibre mortel… On ne né pas « monstre », on le devient, semble nous dire la jeune autrice, insistant qu’il faut toujours faire attention aux « apparences » !
Imen.A.