Le ciné-théâtre le Rio a accueilli hier la pièce de théâtre « Gouna-salle d’attente » du metteur en scène Ferhat Debech, produite par le Centre des arts dramatiques et scéniques de Médenine.
« Gouna » marque le retour de Ferhat Debech le metteur en scène, après 10 ans d’expériences en tant qu’acteur. Des expériences qui avaient consommé son énergie artistique, a affirmé Debech au « Quotidien ».
L’acteur passe avant…
« J’adore être sur scène » a insisté Debech, pour confirmer que l’acteur passe toujours, en premier lieu dans sa carrière, soulignant qu’à chaque fois qu’il entame le travail sur son propre projet, il est convié à participer à un autre alors il suspend tout. Ces différentes participations l’ont aidé à mieux écrire les personnages de son œuvre et à réussir la direction de ses acteurs.
Ferhat Debech avoue qu’il a beaucoup appris d’autres metteurs en scène, notamment Fathi Aakari qui lui a permis, alors qu’il était étudiant à l’Institut supérieur d’art dramatique (ISAD), de monter pour la première fois sur scène dans la pièce « Tasfiet », Hafedh Khalifa dans « Tawassine », Mohamed Bechir Jalled dans « Comment je n’aime pas la lumière ? » et Ali Yahiaoui dans « Rai Uno City ».
« Gouna », l’image du pays aux yeux de ses citoyens
« Cherda » et « Gouna » deux œuvres qui se complètent et qui s’inscrivent dans la continuité. Porté par un besoin pressant de raconter le vécu en 2014, « Cherda » est né.
Pour « Gouna », le metteur en scène affirme que cette œuvre émane d’une longue observation et d’un triste constat : tout le monde pense à quitter le pays et l’immigration est devenue une tendance.
Ferhat Debech a souligné qu’aujourd’hui toutes les catégories sociales pensent de la même manière : les chômeurs comme les employés, les médecins comme les entrepreneurs, tous pensent à quitter le pays sans se poser une question fondamentale « A qui nous laissons la patrie ? ». Toutes ces personnes voyaient le pays comme une grande « salle d’attente » et attendent la première opportunité pour partir, a-t-il ajouté, soulignant qu’il n’y a aucune exception et que ceux qui cherchent à quitter le pays sont de différents âges et ceux qui échouent à quitter d’une manière régulière, ils se jettent dans la mer, espérant réussir arriver à l’autre rive sain et sauf.
« Gouna » peut-être un cri, a déclaré l’auteur, qui met le doigt sur de nombreux problèmes qui rongent la société à plusieurs niveaux.
« EL-HARGA » n’est qu’un prétexte
La question de l’immigration irrégulière est énormément traitée par les médias et les productions dramatiques. Et pour répondre à la question « Quelle nouveauté le spectateur trouvera-t-il ? » Ferhat Debech a déclaré que « El-Harga» (immigration clandestine) n’est qu’un prétexte et qu’il a choisi de focaliser sur le temps que les immigrants passent dans « la Gouna » avant de partir.
Des immigrants venus de différents endroits, de profils différents et d’ambitions différentes réunis dans un même espace qui pour pouvoir les raconter, le metteur en scène a fait recours à la caricature. Un choix artistique qui lui a permis d’enchaîner les évènements et de peindre ses personnages, déterminant leurs actions, leurs réactions et surtout l’interaction entre eux.
De prochaines productions ? L’artiste Ferhat Debech nous a révélé qu’en mois d’avril 2024 il sera sur un nouveau projet artistique financé par l’entreprise privée TRI ART.
Khawla Riahi