À l’occasion de leur 35e session qui se tiendra comme annoncé du 14 au 21 décembre 2024, les JCC rendront hommage à Khémais Khayati et à son parcours professionnel qui s’est toujours développé parallèlement à celui du Festival : fervent cinéphile, il devient jeune adhérent dès les années 60 de la Fédération Tunisienne des Ciné-Clubs, présidée par Tahar Chériaa . Quand en 1966, Tahar Cheriaa fonde les JCC pour la défense et de la promotion des jeunes cinémas arabes et africains naissants, ce qui est une Première dans la région et sur le continent, la vocation de Khemaïs Khayati coïncidera dès lors avec celle du festival !
Étudiant en sociologie et en Lettres et civilisation arabe à Paris, il consacre sa Thèse de doctorat au pionnier du cinéma réaliste égyptien Saleh Abu Seif . Il collabore ensuite en tant que journaliste et critique cinématographique avec un très grand nombre de médias : D’abord en France où il fonde notamment la revue « Cinémarabe », en étant chroniqueur aux radios « France Culture » et « RFI », à l’émission de télévision multiculturelle « Mosaïque » sur France 3, en étant également sélectionneur de films pour la « Semaine internationale de la critique « du festival de Cannes.
Il est chargé de cours sur les Cinémas arabes à l’Université Paris III, puis responsable du Bureau de presse de l’Institut du monde Arabe. En Angleterre il écrit dans le journal pro- palestinien de langue Arabe « Al Yom Essaabaa ». Enfin de retour en Tunisie où il anime des émissions de cinéma réputées à la Télévision nationale, il devient également « Rédacteur en chef Culture » à « As Sabah » et à « Réalités ». Enfin, il assure durant de très nombreuses sessions la responsabilité du Bulletin quotidien des JCC, et en leur consacrant également en 2016 un beau livre de témoignages à l’occasion du 50e anniversaire du Festival .
Beaucoup plus qu’un journaliste parfaitement bilingue ,couvrant par ses chroniques, ses interviews et ses photos, l’actualité des cinémas arabes et africains, Khemaïs Khayati a surtout été un véritable militant de la cause des nouveaux cinémas tunisien et arabes, et notamment du cinéma palestinien , à qui il a consacré de nombreux livres : Et cela en défendant toujours la nécessité de la « liberté d’expression » pour cette nouvelle vague de créateurs arabes qui choisissent d’élucider les réalités de leurs sociétés, parfois en non-conformité avec le cinéma de « propagande officielle » souhaité à l’’époque par certains régimes. Pour cela, Khayati démontrait toujours par ses articles et ses ouvrages, l'importance sociale devenue capitale de ces jeunes expressions artistiques, en homme de conviction qui ne craint pas les polémiques!
C’est notamment pour saluer cette position constante de militantisme au service du 7e art arabe et africain, qui a toujours été celle des JCC, que Khemaïs Khayati avait déjà été distingué par un « Tanit d’Honneur » qui lui avait été décerné à la cérémonie d’ouverture du Festival en 2021.
De par l'étendue et la richesse de son expérience, sa modestie naturelle, sa bienveillance envers les jeunes pour lesquels il n’était jamais avare de conseils Khemaïs Khayati laissera une place difficile à combler.