Que connaissons- nous sur les peintres italiens qui sont nés en Tunisie et qui ont fait partie de la dynamique artistique à l’époque ? Outre Antonio Corpora, Moses Levy et son fils Nello, Maurizio Valenzi dont l’exposition-hommage organisée, en 2012, à Tunis, a été un grand évènement artistique, proposant des œuvres inspirées de son vécu en Tunisie ou encore Fabio Roccheggiani qui a été non seulement un peintre mais surtout l’entraîneur du Club Africainet que certains témoins de l’époque disaient que lorsque ses joueurs étaient sur le terrain, il profitait pour faire quelques croquis, que connaissons-nous sur la présence des peintres italiens en Tunisie au 19ème et 20ème siècles ?
« Peintres italiens de Tunisie » qu’accueillera la galerie TGM- Marsa, à partir de cet après-midi à 18h00, tentera de dépoussiérer ces pages inconnues de l’histoire artistique tuniso-italienne, offrant aux visiteurs un voyage passionnant et une occasion pour découvrir un catalogue impressionnant de nombreux artistes italiens qui sont nés en Tunisie et qui ont fait leurs premiers pas d’artistes ici, prenant part aux différentes expositions surtout celles du Salon Tunisien. Cette exposition se veut également un hommage à ces hommes et femmes, à ces artistes chevronnés qui ont peint la Tunisie avec beaucoup d’amour et de sincérité, boudant les clichés et l’approche classique orientaliste. En Tunisie, ils sont nés, ils ont grandi et ils ont vécu et ils ont entré en communion avec les Tunisiens, la faune et la flore de ce pays d’adoption, d’un pays qu’ils ont beaucoup aimé et où ils ont trouvé de l’inspiration.
« Deux siècles durant, les Italiens constituèrent la plus importante communauté étrangère en Tunisie. La langue italienne fut utilisée comme langue de culture et de cour dans la Régence, et ce jusqu’à l’arrivée du Protectorat. Elle fut langue de science, car les premiers médecins étaient italiens, langue des métiers, les pêcheurs, les agriculteurs, les ébénistes, les maçons étant italiens. Enfin langue de communication, et de politique, le premier journal imprimé en Tunisie ayant été l’historique « Il giornale di Tunisi et Cartagine».
De même que les premiers journaux républicains, socialistes, ou syndicalistes furent rédigés en Italien. Mais également la première chaîne de télévision à pénétrer les foyers tunisiens, la RAI.
Il était donc logique que les expressions artistiques suivent le mouvement, et que la peinture de l’époque, mais aussi tout au long de l’histoire de l’art, fasse belle place aux peintres italiens », explique la chargée de communication de l’exposition Alya Hamza, dans sa note introductive.
Cette exposition des collectionneurs qui se poursuivra jusqu’au 07 juillet 2024 propose et pour la première fois, deux huiles sur toile, de Sauveur Almenza, dernier peintre sicilien de l’école de Tunis et une importante sélection des œuvres Salvatore Almanza, Miranda Michele, Antonio Corpora, et bien d’autres qui ont porté la Tunisie avec ses senteurs et saveurs, avec ses ambiances particulières et sa richesse historique sur leurs toiles.
Evènement phare de la scène artistique tunisienne, l’exposition met en lumière cette école italienne de la peinture en Tunisie, dépoussiérant des trésors artistiques méconnus par le public et également par les chercheurs. Pour les passionnés des dialogues des cultures et pour les chercheurs en sociologie, histoire, anthropologie etc. l’exposition constitue un vaste terrain de recherche.
Il est à noter que cette exposition est soutenue par l’ambassade de l’Italie en Tunisie, la Chambre Tuniso Italienne de Commerce et d’Industrie – CTICI, l’institut Italien de la Culture, le Groupe Lovato Elleti et les Ciments artificiels tunisiens.
Imen Abderrahmani