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Chronique j’ai lu - Par Amna Atallah Soula : Angelique, de Guillaume Musso

Pour décrire les relations de ses deux principaux personnages, Musso a cité Gustave Flaubert « On ne se rencontre qu’en se heurtant »
L’été est encore là, les plages ne sont plus si praticables. Les lecteurs, en cette période, se prennent généralement d’engouement pour les romans de suspense, du noir. Aussi, nous proposons un auteur que the New York Times désigne pour « maitre français du suspense » et « roi du noir européen » pour la República.   


Le voile de la scène -1- s’ouvre sur le son du long phrasé d’une violoncelle. Sébastien Bach affirme que la musique est vectrice de paix intérieure. En l’écoutant, dans un semi sommeil, le flic Mathias inconsciemment, ajuste sa respiration au rythme de cette mélodie qui remplit sa chambre d’hôpital.
 La musique, dit-on aussi, est la meilleure consolation pour un être troublé. Pourtant, vite après avoir réalisé sa condition d’hospitalisé, le rustre de flic, rudoie Louise Collange. Elle est bénévole de l’association « Un musicien à l’hôpital ». De surcroit, elle est étudiante en deuxième année de médecine, une surdouée de dix sept ans. C’est ce que ne manquera pas de nous faire découvrir Musso le long de cet ouvrage.
Ces deux personnages vont se coller l’un à l’autre dans une quête de la vérité sur la mort de la mère de Louise, Stella Petrenko. Etoile de l’Opéra de Paris, s’étant opiniâtrement battue pour le devenir. Elle quitte l’Opéra de Paris à quarante-deux ans, avec beaucoup d’amertume et animosité. L’aura envoutante du personnage va opérer de l’effet sur le flic.

Une rencontre…, Un signe ?
Dans l’appartement de Stella, Ukrainienne née à Marseille, le flic, selon les menus détails dépeints par l’auteur, est chez une personne dont l’image est tout à fait conforme aux exigences et à l’esprit régnant à l’Opéra de Paris. Il est appâté en même temps que sa curiosité est avivée et fouettée.
Il s’empresse pour demander à Louise qu’est-ce qui lui fait penser que sa mère a été assassinée. La réponse est cinglante : « elle menait la vie dure à tous », guerrière infatigable, elle est « trop narcissique pour se suicider ».
A l’instar du style de Jean d’Ormesson qu’il cite, l’humour dans les échanges entre Mathias et Louise, l’auteur ne nous en prive pas. La fille au flic « tu es dure de la feuille, toi… ». Pour se débarrasser de Louise et son entêtement, le flic rétorque « va cramer ton maigre héritage…T’es pas si futée que ça finalement ».
Pour revenir à l’appart de Stella, le flic remarque un reflet de soleil renvoyé par la vitre d’une fenêtre de l’immeuble d’en face. Il conclut qu’il existe de potentiels témoins non mentionnés dans le rapport des enquêteurs. Autres découvertes, le petit tableau « un portrait d’un jeune aux yeux argentés vide sans pupilles », un zombi glaçant.Et, rien n’échappe au flic même une phrase soulignée dans un des romans de Stella « l’âge d’aimer n’existe pas. Ce qui existe et passe, c’est l’âge d’être aimé ». Deux indications fort intéressantes pour le flic. Le tableau est signé Marco Sabatini. Un nom à retenir.
La toute jeune fille conduit ce genre de voiture n’exigeant pas de permis. Le flic s’y trouve très mal à l’aise. Musso compare l’engin à une « Danette au caramel » et se délecte en nous faisant circuler dans Paris. Louise prend les boulevards des Maréchaux, porte de Vanves et passe à coté du lion de la place Denfert- Rochereau pas loin de la cité Universitaire. L’auteur décrit le lion figé dans le froid au « milieu d’une savane fantomatique ».
Pour ceux ayant été étudiants à Paris, l’auteur s’évertue, dans un style descriptif succulant, à les faire revivre leurs balades parisiennes.
Louise et Mathias abattent de la besogne à la recherche de l’assassin de la mère de la jeune fille. Les réponses de la police chargée de l’enquête sur la mort de la danseuse de l’Opéra ne laissent aucun doute sur la thèse du suicide ou de l’accident : « la meuf est vraisemblablement montée sur un escabeau pour arroser ses jardinières » et est tombée du balcon vers minuit.
Mathias trouve étrange cet arrosage des plantes à minuit. Mais les traces de l’assassinat sont introuvables. La « meuf » a picolé, un gramme d’alcool dans le sang. Aucun signe de vol ou de lutte trouvé, rien sous les ongles. L’appart était fermé de l’intérieur, pas de mobil non plus. La thèse du suicide est également envisageable. Stella n’allait pas bien fort : n’étant plus sous les feux de la rampe, elle se déguisait, mettait le tutu. D’ailleurs « on aurait dit un cygne mort échoué sur le trottoir » lors de sa chute du balcon.
Au-dessus de l’appartement de Stella Petrenko, plus de cent mettre carré sont occupés et aménagés en atelier par le peintre Marco Sabatini. Ce détail ne passe pas inaperçu. Le flic pousse l’investigation et découvre, à sa grande surprise, que le peintre est lui-même mort. Tenez-vous bien !Dans un intervalle très court après le décès de sa voisine.

Paris au temps du Covid
Louise s’obstine, sa mère est loin d’être une suicidaire, « une intuition » ; ça ne convainc pas le flic. La « petite emmerdeuse » tient bon et ne lâche pas le flic d’une semelle. La mort du peintre si proche de celle de la danseuse éveille les soupesons du flic. Il inquisitionne la gardienne de l’immeuble. Pour cette dernière, Marco a chopé le Covid. Il   en est mort.
Pour la gardienne c’est plutôt le vaccin qui l’a tué : « il a déréglé son champ électromagnétique ». Exaspéré Mathias Taillefer met fin à l’interrogatoire. Cette fois, l’étudiante en médecine partage son avis contre les complotistes. Il prend le petit tableau avec lui.
 Les rues de Paris sont quasi désertes. Musso est fort éloquent dans ses descriptions des physiques et du mental de ses personnages ; il l’est tout autant décrivant Paris au temps du Covid.
La mort du jeune peintre italien du Covid ? Deux morts au même endroit ? Trop pour ne pas intriguer le flic. L’intuition de Louise ne lui disait rien, la sienne le catapulte dans nombre de vérifications.
Musso se hasarde, se joue même à nous inciter à tirer des conclusions. Mais très vite, il nous déroute, nous désœuvre par moultes rebondissements désarçonnants, impromptus et casuels.
N’allons-pas plus loin, ce sont les férus de roman noir, de suspense que nous invitons à suivre les pas du flic. Nous vous recommandons plutôt de croire en la géniale Louise. Elle vous surprendra.

 A.A SOULA


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