Par Imen ABDERRAHMANI
Le printemps au centre culturel des arts et des métiers de Djebel Semmama (Kasserine) est synonyme de célébrations. Premier rendez-vous du calendrier printanier, «La fête des bergers» se veut un espace de promotion des initiatives culturelles éco responsables.
Une nouvelle édition et de nouveaux enjeux à relever dans cette région tunisienne, dans ces montagnes qui continuent à faire de la résistance contre toutes formes d’obscurantisme et de marginalisation. A sa 13è édition, «La fête des bergers» continue à célébrer la transhumance en tant que culture et mode de vie.
Pour ce nouvel épisode de cette manifestation, de cette aventure menée au cœur de la montagne et qui a permis à Semmama de faire entendre sa voix en Tunisie et à l’étranger, le comité d’organisation, piloté par Adnen Helali, enfant du Jbel et maître des lieux, «La fête des bergers», ce festival pluridisciplinaire célèbrera la rencontre des arts et de l’écologie pour imaginer un futur vivable, offrant aux artistes-artisans de nouveaux horizons.
La 13è édition accueillera une délégation italienne spéciale de Pescara de la région des Abruzzes formée des bergers, d’artistes et de conférenciers et ce dans le cadre d’une fenêtre sur le monde, permettant aux participants locaux et étrangers d’échanger sur tant de questions culturelles, économiques et écologiques relatives à la transhumance.
Ambitieuse et surtout d’actualité, l’édition 2025 placera les enjeux environnementaux au cœur de sa programmation, focalisant sur les créations engagées dans l’économie circulaire et sur l’art de recyclage.
Programme alliant le festif et l’écologique
Le festival qui a adopté un regard spécial sur l’art et l’écologie s’ouvrira, aujourd’hui, avec au programme une table ronde intitulée «Semmamons ensemble», favorisant les échanges entre les participants tunisiens et étrangers et mettant en lumière les différents projets qui ont été menés sous le toit du Centre culturel de Semmama. La 2è journée sera bien rythmée avec le démarrage des ateliers green, qui constituent la colonne vertébrale de la politique de ce centre culturel privé, perché dans la montagne. Marionnettiste chevronné, Mohamed Nouir accompagnera les participants dans la création des marionnettes écologiques qui respectent la nature. Les participants et surtout les artistes et artisans locaux pourront également affûter leurs talents et acquérir de nouvelles connaissances et compétences. Au programme, des ateliers d’initiation aux «accessoires recyclés», assurés par «Jadila_craft» (Italie), aux «Costumes de carnaval en fibres et peau de mouton» qui sera encadré par Fatima Lucignano (Italie), aux «Accessoires en halfa», avec Manel Xarles (Espagne), d’«Illustrations des visages du village» avec Camino Fernandez (Espagne), de photographie chapeauté par le trio Giovanni Schisano, Gregorio Falbo et Armando Rotilli, de «Halfa plastique» avec Khaled Khayat (Tunisie), d’architecture écologique assuré par le duo Saïda Hemami et Rania Hemami (Tunisie) et Primiano Calà (Italie) et de création de «costumes par des éléments naturels» mené par le quatuor Ines Issaoui, Farah Limam, Yousri El Ghazali et Ranim Ghanoubi, sous la direction d’Imane Sallem et Amal Cheria.
Parmi les nouveautés de cette édition, le conseil scientifique «AgoRagoba» qui comportera une conférence de l’anthropologue italien Alessandro Rivera intitulée «Semmama, rhizome vivant». La musique sera au cœur de cette célébration avec une série de concerts assurée par des artistes locaux, italiens, français et algériens.
Talentueuse créatrice dont les œuvres ont fait le bonheur des hôtes du Jbel, Zineb Helali verra ses créations, ses poupées d’halfa, au cœur d’un projet littéraire et artistique réunissant l’écrivaine turque Öngül Zehra Kaya et illustratrice Camino Fernandez.
Toujours dans le monde de l’édition, «La fête des bergers » propose une rencontre de la présentation du livre «Jemna, Semmama, Al-Hawaidiya... Une révolution est passée par-là» de Fathi Ben Haj Yahya et Hichem Abdessamad, en présence de Taher Tahri, président de l’Association pour la protection des oasis de Jemna…
Les participants et les visiteurs découvriront tout au long de ces cinq jours «Ragoba de Don Quichotte», une exposition du sculpteur Yamen Ebdelli qui continue à créer avec le déjà-là, faisant renaître objets et matériaux. Le film-documentaire «Les épouvantails de la zone rouge» de Jalel Al-Faizi, cinéaste autodidacte qui a porté à l’écran des bribes du quotidien des habitants de Semmama, sera projeté à cette occasion.
Le sport ne sera pas exclu de ce rendez-vous. Une course dans la nature, un «Trail Sammama» est annoncé en collaboration avec l’Association militaire de Kasserine et l’Union tunisienne du sport pour tous. Et pour que la fête soit totale et pour que les participants aient l’occasion d’écouter les chants des montagnes et respirer à pleins poumons le printemps, un carnaval des bergers sera assuré lors de la dernière journée de la fête. «Spectacle carna-fou-lesque» dirigé par le metteur en scène italien Francesco Salvatore, avec la participation du groupe «Thaziri», des bergers de Semmama, du groupe d’Abruzzes et des brebis évidemment plongera la région dans la joie…
I.A.