contactez-nous au 71 331 000
Abonnement

Les jeunes médecins en grève : La détresse du système de santé en Tunisie…

Par Myriam BEN SALEM-MISSAOUI

Pendant que la Tunisie accuse un manque important au niveau de ses besoins en médecins, le dossier des jeunes blouses blanches est plus que jamais d’actualité avec cette grève nationale observée hier. Pourquoi tant d’insouciance aux revendications des jeunes médecins?

 

Le chiffre est alarmant et choque plus d’un. Près de 90 % des jeunes médecins tunisiens ne pensent en effet qu’à quitter le pays. Et c’est le vice-président de l’Organisation tunisienne des jeunes médecins (OTJM), Baha Eddine Rabii, qui dans une déclaration au site Business news tire la sonnette d’alarme sur l’exode massif des médecins tunisiens. Il a révélé que 90% des jeunes praticiens «envisagent ou souhaitent quitter le pays». «La migration est devenue une réalité incontournable pour les médecins. La principale motivation est l’amélioration de la qualité de vie, et on ne peut le reprocher à personne. Les conditions de travail, souvent précaires dans de nombreux services hospitaliers, les poussent également à partir», a-t-il expliqué. Il a souligné qu’après sept années d’études et de stages, un jeune médecin perçoit un salaire mensuel de 1.200 à 1.300 dinars, avec des gardes rémunérées à seulement 1,1 DT de l’heure, lorsqu’elles sont payées. «Deux tiers des hôpitaux ne versent pas les indemnités de garde aux jeunes médecins, alors que ces derniers effectuent des semaines de travail pouvant atteindre 80 à 90 heures, bien au-delà des 48 heures légales. À cela s’ajoutent les agressions, qui se sont multipliées après la révolution. Face à ces difficultés, il est logique que les jeunes médecins, dès la fin de leur spécialité, cherchent de meilleures conditions ailleurs», a-t-il déploré. Face à cette insouciance et pour exprimer leur colère, les jeunes blouses blanches ont observé hier une grève nationale qui, selon les organisateurs, a été largement suivie par les jeunes médecins. Comment les autorités vont réagir, par ailleurs, à ce mouvement?

Urgence …

Interrogé à ce sujet, Dr Ahmed Fouad Rekik nous a confié: «La situation des jeunes médecins témoigne de la crise qui secoue le secteur de la santé en Tunisie. Abandonné pratiquement tout au long de la dernière décennie, le secteur exige aujourd’hui une intervention en profondeur afin d’éviter l’effondrement de tout le système. D’ailleurs, la situation des jeunes médecins témoigne de cette crise. Si on n’intervient pas d’urgence, on risque de voir ces jeunes médecins que nous avons formés pendant de longues années opter pour la migration. C’est aussi comme offrir gratuitement nos compétences aux pays étrangers. De fait, c’est aux autorités compétentes de se pencher sur les risques de cette migration en masse de nos jeunes médecins sur qui repose 60% le secteur de la santé. Cela a un coût et c’est à l’Etat d’en faire une priorité absolue». Et d’ajouter: «Un jour, j’ai lu un témoignage d’un jeune médecin et c’est triste de constater que la détresse qui s’empare de tout ce corps. Selon ce jeune médecin «les jeunes médecins tunisiens, en voie de spécialisation, vivent une situation peu enviable. En cause, un cadre juridique boiteux, des conditions de travail extrêmes et un concours de spécialisation plutôt hasardeux. Au choix, certains choisissent de quitter le pays afin d’exercer sous de meilleurs cieux, les autres continuent à servir de main-d’œuvre qualifiée et bon marché, aux hôpitaux publics tunisiens». Pour ce jeune médecin comme beaucoup d’autres d’ailleurs, «de nombreux jeunes médecins tunisiens sont tentés de «prendre la fuite». Quitter le pays pour obtenir leurs diplômes de spécialisation en Europe et ailleurs semble une option alléchante pour nombre d’entre eux. La France et l’Allemagne sont les deux destinations les plus prisées pour cette jeunesse qui, une fois partie, a toutes les chances de vouloir exercer dans le pays d’accueil. Un véritable manque à gagner pour l’Etat tunisien».

M.B.S.M.

Partage
  • 25 Avenue Jean Jaurès 1000 Tunis R.P - TUNIS
  • 71 331 000
  • 71 340 600 / 71 252 869