contactez-nous au 71 331 000
Abonnement

Editorial : Le salut par la solidarité…

Par Chokri BACCOUCHE

Quand un pays est sur la dèche et connaît de grandes difficultés comme c’est le cas actuellement de la Tunisie, la solidarité entre les membres de la société, qu’ils soient de simples citoyens ou des entreprises, doit être de mise en principe. Cette commisération permet non seulement d’alléger le fardeau de l’Etat mais de trouver également des solutions tangibles à des problèmes urgents. Les actions relevant du mécénat, de la philanthropie ou de ce qu’on appelle communément la responsabilité sociétale des entreprises s’inscrivent dans ce cadre. Si ces initiatives altruistes sont courantes sous d’autres cieux et plus particulièrement dans les pays dits développés, elles le sont beaucoup moins malheureusement dans nos murs. Rares sont en effet les entreprises ou les groupements d’individus qui prennent l’heureuse décision d’équiper ou de restaurer des salles de classe dans une école ou un collège délabré ou de participer au financement d’un projet d’intérêt public comme l’aménagement d’un espace vert ou un centre culturel. Bref, les entreprises dites citoyennes qui font preuve de générosité à l’égard de la collectivité ne sont pas du tout légion chez nous. La culture de la solidarité spontanée ne fait pas partie du glossaire de la plupart des entreprises dont certaines réalisent, pourtant, des chiffres d’affaires assez cossus bon an, mal an.

C’est le cas notamment de nos banques qui ont affiché ces dernières années des résultats nets très positifs, et ce, malgré les effets pervers et les dégâts causés par la crise sanitaire du Covid-19 qui a fait des ravages dans d’autres secteurs. Que nos banques aient pu s’en sortir à bon compte ne peut que nous en réjouir bien sûr mais force est de reconnaître que le secteur financier apporte non seulement un soutien plutôt timide à l’effort de développement du pays mais n’est pas porté également sur les activités philanthropiques et de mécénat. Bref, elles n’assument pas leur responsabilité sociétale à un moment où le pays connaît une crise multidimensionnelle.

Le drame survenu récemment à Mezzouna, où trois jeunes élèves ont péri dans l’effondrement du mur d’enceinte de leur lycée, est venu nous rappeler l’importance de la solidarité dans une société en difficulté. Combien aurait coûté la restauration ou la reconstruction de ce mur avant qu’il ne tombe sur ces malheureuses victimes en ce jour fatidique du lundi 15 avril 2025? Des vétilles certainement! Cette tragédie aurait certainement pu être évitée si les autorités compétentes, les citoyens et les entreprises de la région avaient été sollicités pour contribuer à temps à la réhabilitation de cette structure. Cela n’a pas été le cas malheureusement et on a dû payer très cher le prix de l’ineptie et de l’irresponsabilité.

Les infrastructures publiques qui accusent vétusté ou sont dans un état de délabrement total se comptent en fait par centaines. La plupart des hôpitaux publics et un grand nombre d’écoles, collèges et lycées tombent en effet en désuétude. Les premiers manquent terriblement d’équipements et de tous les moyens nécessaires pouvant assurer aux malades un service de qualité et les deuxièmes sont devenus carrément des pièges mortels menaçant de s’écrouler à tout moment sur la tête de leurs occupants. La restauration de ces infrastructures publiques revient essentiellement à l’Etat bien sûr mais les contribuables et les entreprises peuvent et doivent également participer à cet effort et apporter leur contribution, dans l’intérêt bien compris de la collectivité. En période de vaches maigres et de crise comme c’est le cas actuellement, la logique et le bon sens nous dictent l’impérieuse nécessité que tout le monde mette la main à la pâte ou plutôt à la poche pour participer à l’effort visant la résolution de certains problèmes urgents et gagner ainsi un temps précieux en attendant des jours meilleurs.

L’histoire nous donne d’ailleurs des exemples édifiants sur l’importance et le bien-fondé des actions collectives. En effet, les Allemands ont réussi en l’espace d’à peine une décennie à remettre sur pied et à reconstruire leur pays complètement ravagé par les bombardements alliés à l’issue de la Seconde Guerre mondiale. La discipline, la rigueur, la solidarité et un sens aigu du patriotisme qui caractérisent le peuple allemand sont la clé de cette performance spectaculaire. Nos responsables, nos concitoyens et nos chefs d’entreprise gagneraient à s’inspirer de cette mentalité de bon aloi qui a fait ses preuves pour permettre au pays de dépasser le mauvais cap au moment où il en a ardemment besoin. Tous doivent se rendre à l’évidence que la conjugaison des efforts est le seul moyen de maximiser les chances de mener à bon port la barque, prise actuellement dans une satanée bourrasque…

                                                                                       C.B.

Partage
  • 25 Avenue Jean Jaurès 1000 Tunis R.P - TUNIS
  • 71 331 000
  • 71 340 600 / 71 252 869