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Lutte contre la criminalité économique et financière : La Tunisie au même rang que les USA, le Japon et l’Allemagne

Par Hassan GHEDIRI 

Dans le dernier rapport Global Financial and Economic Crime Outlook 2025, la Tunisie figure parmi les «nations qui prennent des mesures concrètes de lutte contre la criminalité économique» bien qu’affichant encore des faiblesses règlementaires…

Décrochant une brillante huitième place à l’échelle du continent avec un score de 2,05 sur 4 dans l’indice mondial de la criminalité économique et financière, la Tunisie fait des progrès en matière de gouvernance et de règlementation anti-corruption lui permettant d’obtenir la 68è place mondiale dans le dernier classement que vient de rendre public le cabinet américain «Secretariat» spécialisé dans l’expertise financière, économique et juridique à l’échelle internationale.

Ainsi, malgré toutes les difficultés et la lenteur que connait le processus des réformes règlementaires destiné à assainir son climat d’affaires, notre pays a pu se positionner dans la catégorie des «acteurs vigilants». Ce groupe se compose de pays qui mettent activement en œuvre les mesures de lutte contre la criminalité économique et améliorent leurs cadres réglementaires. La Tunisie se trouve ainsi dans le groupe de 63 pays parmi lesquels l’on trouve de grandes puissances économiques telles que les Etats-Unis d’Amérique, le Japon et l’Allemagne. Si elle ambitionne de faire mieux et d’intégrer le club des «Titans transparents» exclusivement réservé aux pays notés de 0 à 1,5 point, la Tunisie doit consolider davantage son cadre de lutte contre la criminalité financière et mettre en place des mécanismes d’application et des lois beaucoup plus performants. 

Dans le classement mondial de 2025 de la criminalité économique et financière, 177 pays ont vu leurs politiques et instruments juridiques passés au peigne fin par les experts du cabinet américain et ce en référant à trois indices internationaux mesurant respectivement les risques de blanchiment d’argent  d’évaluation et de financement du terrorisme (Basel AMML Index), la perception de la corruption (Transparency International) et de la criminalité organisée (Initiative mondiale contre la criminalité transfrontalière). Les 177 pays ont obtenu des scores allant de de 0 point (risque minimal) à 4 points (risque maximal) et ont été classés dans quatre catégories.

Haut du podium

 Avec son score de 2,05 sur une échelle de quatre points, la Tunisie occupe le haut du podium d’Afrique du Nord devant le Maroc, qui se classe 9è dans le continent.  Le résultat, grosso-modo, acceptable de la Tunisie comparé à ses voisins, dans la lutte contre la criminalité économique, est le résultat des réformes juridiques engagées au cours de ces dernières années, notamment en matière de lutte contre le blanchiment d’argent, la corruption et le financement du terrorisme. Des réformes institutionnelles ont permis de se mettre au niveau des standards internationaux bien que l’efficacité de certaines institutions telles que l’Instance nationale de lutte contre la corruption (INLUCC) ait perdu de son efficacité à cause du manque de moyens techniques et humains.

L’amélioration de la gouvernance publique a été toutefois un atout majeur ayant permis à la Tunisie de renforcer la vigilance et la transparence dans la gestion des marchés publics, d’améliorer les mécanismes de déclaration de patrimoine, et de promouvoir une meilleure traçabilité des flux financiers. Les projets engagés dans le cadre de la coopération internationale, notamment avec le Groupe d’action financière du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord (GAFIMOAN), ont également permis à la Tunisie de progresser dans ses engagements internationaux. Malgré ces avancées, des faiblesses structurelles continuent tout de même d’entraver la lutte contre la criminalité économique et financière. L’urgence consiste notamment à renforcer les dispositifs de contrôle pour une meilleure coordination entre les différentes institutions impliquées et de remédier à la lenteur des procédures judiciaires, à travers la digitalisation de la surveillance financière. 

H.G.

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