Par Myriam BEN SALEM-MISSAOUI
A l’image de toutes les agglomérations du pays, l’Aouina, par ses embouteillages monstres et l’expansion urbaine folle, est l’exemple type de cette anarchie qui frappe le paysage urbain en Tunisie. Quelle solution?
Située sur la rive gauche de la Route nationale R9 reliant la capitale Tunis à La Marsa, Banlieue nord, la ville de l’Aouina est desservie par trois ponts qui servent d‘entrées aux quartiers résidentiels de l’Aouina et derrière Dar Fadhal et La Soukra, de la cité Essalama et derrière les quartiers d’Al Wahat et sidi Fraj et, enfin, la cité Ain Zaghouane. De fait, il faut avoir des nerfs d’acier et beaucoup de patience pour faire face aux embouteillages monstres qui se forment tous les jours, notamment aux heures de pointe. En effet, c’est le parcours du combattant matin et soir pour les milliers d’automobilistes et autres usagers du transport en commun, soit pour sortir soit pour entrer dans cette mégaville résidentielle. Pis encore et malgré l’urgence d’une solution à cette circulation infernale, on continue à construire des résidences à vingt et même à trente immeubles de sept étages chacun. Ici, le béton coule à flots sans que l’infrastructure et autres zones vertes et autres commodités suivent. Qui sont, en effet, les responsables de cette anarchie et à quand de vraies politiques de planification urbaine?
Pour l’activiste, Rached Mathlouthi, issu d’une famille qui habite la région depuis trois siècles: «Vue de l’extérieur, on peut bien croire que nous sommes dans des quartiers chics dotés de toutes les commodités, y compris une infrastructure routière moderne, des zones vertes et des espaces culturels. Malheureusement, la réalité est tout autre… Il suffit, en effet, de voir ces milliers d’automobilistes coincés notamment dans les heures de pointe sur les ponts et les artères de la ville de l’Aouina pour comprendre que ceux qui ont accordé ces permis de construire aux promoteurs immobiliers pour ériger des milliers d’appartements ont agi à courte vue. Résultat: des milliers de personnes suffoquent sous une pollution record et du béton urbain à perte de vue».
Que faire…?
La ville de l’Aouina n’est que l’exemple vivant des mauvais choix en matière de planification urbaine en Tunisie, «la planification des infrastructures routières implique d’effectuer la maintenance des équipements déjà en place et d’en planifier de nouveaux. Ces équipements comprennent les routes goudronnées, ainsi que tout ce qui leur est associé, comme la signalisation, l’évacuation des eaux et le terrassement. Ce n’est pas malheureusement le cas lorsqu’on décide de bâtir une ville ou procéder à un étalement urbain en Tunisie. Ce qui explique ces problèmes qui surgissent au fur et à mesure que la population augmente et avec les besoins en matière de transport, de loisirs et de services». Et d’ajouter : «L’expansion des zones urbaines et l’extension de leurs infrastructures vont de pair avec le nombre croissant d’avantages socioéconomiques dont de nombreux Tunisiens ont pu bénéficier au cours des dernières décennies. Cependant, certains changements de mode de vie ont une incidence négative durable non seulement sur les espaces ruraux et les paysages naturels, mais aussi sur les paysages urbains. Je veux dire par-là que les vestiges historiques, notamment romains et carthaginois par exemple, situés dans la zone de l’Aouina et de La Soukra ont été sacrifiés au profit de cette expansion urbaine folle. Donc, ce n’est plus uniquement un problème de circulation routière, mais aussi de tout un paysage urbain qui doit être repensé, car le paysage actuel est synonyme de stress, d’anxiété et d’énervement ainsi que du temps de vie de famille et de loisirs en moins, qui impactent très négativement la qualité de vie».
M.B.S.M.