Alors qu’un cessez-le-feu précaire se maintient entre Israël et le Hamas, la Cisjordanie subit depuis plusieurs jours les incursions de l’armée sioniste et les attaques de colons, qui pourraient compromettre la paix relative.
«Des hommes cagoulés, qui mettent le feu à des voitures et des commerces… Ce que font les colons israéliens, c’est de la pyromanie ». Voilà comme Ofer Bronchtein, militant pour la paix et chargé de mission sur le conflit israélo-palestinien, décrit les tensions en Cisjordanie.
Depuis plusieurs jours, les colons israéliens mènent en effet des attaques extrêmement violentes en territoire palestinien, encouragés par la levée des sanctions visant les colons coupables de violences décidée par la nouvelle administration américaine, parmi la foule de décrets signés par Donald Trump. Pour David Rigoulet-Roze, chercheur associé à l’IRIS, spécialiste du Moyen-Orient, cette décision pourrait pousser certains à considérer que « Donald Trump conforte ainsi la politique de colonisation voire d’une potentielle annexion rampante de la Cisjordanie ».
Des vidéos se multiplient sur les réseaux sociaux montrant les méfaits des colons israéliens, notamment grâce à l’association humanitaire israélienne Yesh Din, qui documente les nombreuses attaques. Sur place, des groupes d’hommes masqués, lancent des pierres sur les habitations palestiniennes, et mettent le feu à plusieurs voitures et habitations. Au moins 21 Palestiniens ont été blessés lors de ces attaques.
Une violence extrême qui a même touché la police, d’habitude plutôt observatrice. Deux Israéliens auraient attaqué un policier avant de l’asperger de gaz lacrymogène. Celui-ci aurait en réponse tiré sur les deux agresseurs, les blessant grièvement. Des comportements « qui font tout pour mettre le chaos », pour Ofer Bronchtein. L’objectif selon lui ? Obliger les Palestiniens à réagir et à devenir violents.
Opération militaire de grande ampleur
En parallèle de ces actes isolés, l’armée sioniste a lancé cette semaine une opération massive en Cisjordanie baptisée « Mur de fer », au troisième jour d’un cessez-le-feu fragile entre Israël et le Hamas, qui a permis de libérer pour l’instant trois otages israéliennes contre 90 prisonniers palestiniens.
Principalement centrée sur la ville de Jénine, elle est décrite par le Premier ministre sioniste Benjamin Netanyahou comme « un nouveau pas vers la sécurité en Judée-Samarie », nom donné par les Israéliens à la Cisjordanie palestinienne. L’armée se déplace en nombre, procède à de nombreuses arrestations, et des bulldozers sont utilisés pour détruire des habitations et des routes. 12 personnes auraient été tuées pour l’instant dont un enfant de 14 ans. Plusieurs dizaines de blessés sont à déplorer, principalement dans le camp de réfugiés de la ville de Jénine, régulièrement la cible d’opérations militaires israéliennes.
Reprenant la main sur les opérations, Israël ouvre « un nouveau front » : « L’armée israélienne souhaite appliquer les acquis tactiques et stratégiques de la guerre à Gaza en Cisjordanie » explique David Rigoulet-Roze. Une intervention militaire qui vise aussi selon le chercheur à montrer que par-delà la signature du cessez-le-feu à Gaza, Israël n’a pas l’intention de baisser la garde, quitte à commettre un nouveau génocide !
Les observateurs craignent que ces opérations en Cisjordanie aient pour but de remettre en cause le cessez-le-feu : « Les Israéliens veulent sûrement montrer que les Palestiniens ne respectent pas les conditions de la trêve et qu’il est donc nécessaire de relancer les combats. », estiment-ils.