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Editorial : Il n’y a plus de place pour l’hésitation - Par Hassan GHEDIRI

La balance commerciale tunisienne est historiquement et structurellement déficitaire. Son déficit n’a d’ailleurs pas cessé de croître au cours des deux dernières décennies. Aujourd’hui, beaucoup de facteurs, endogènes et exogènes, sont en train de se réunir et risquent sérieusement de rendre ce déclin quasi-irréparable. L’on ne va, néanmoins pas, tenter ici, dans ces colonnes, d’exposer toutes les causes qui ont conduit à ce résultat et qui sont essentiellement liées à des enjeux économiques internationaux qui font, aujourd’hui, monter et apaiser les tensions géopolitiques, et faire et défaire les alliances géostratégiques influençant directement les marchés et les prix. Au risque de se répéter, il est tout simplement question de rappeler le paradoxe de la Tunisie: un pays économiquement vulnérabilité se laissant malmener par le jeu de domination du commerce international dans un monde boulimique d’énergie. Parce que si, aujourd’hui, la Tunisie est incapable de se redresser, c’est essentiellement à cause de son échec énergétique. 

On continuera toujours à affirmer, sans risquer jamais de se tromper, que la Tunisie est handicapée par son déficit énergétique. Les chiffres officiels confirment ce point de vue. Sur les 5 milliards de dinars (MD) de déficit commercial calculé par l’INS au cours du premier trimestre de 2025, qui s’est d’ailleurs aggravé de plus de 66% par rapport à l’année dernière, environ 3 MD sont imputés aux importations d’énergies. Se contenter d’espérer les improbables économies pouvant être réalisées si le prix du baril de pétrole se stabilisait aux environs de 65 dollars est un comportement condamnable et complètement impardonnable pour un pays qui a tous les atouts pour remédier progressivement et durablement à la principale et grande anomalie de sa balance commerciale, en l’occurrence le déficit énergétique. Au risque de se répéter encore une fois, la Tunisie n’a plus aucun prétexte pour ne pas placer sa résilience énergétique à la tête de ses priorités stratégiques. 

Au train où vont les choses dans le monde, avec cette montée inédite des tensions entre la Chine et les USA sur fond d’une guerre commerciale qui prend une tournure spectaculaire, il n’y a plus place pour l’hésitation. Pour considérer à sa juste valeur le défi énergétique et estimer les opportunités considérables s’offrant à la Tunisie, il suffit d’observer la course mondiale pour les énergies renouvelables. C’est la Chine, avec qui la Tunisie est déficitaire de plus de 2 MD, soit un peu plus d’un tiers du déficit global, qui domine cette course avec des investissements dans les énergies renouvelables qui ont dépassé en 2024 les 950 milliards de dollars, soit plus que ce que dépensent, ensemble, les USA et les pays de l’Union européens. L’Empire du Milieu, qui fabrique 80% des panneaux photovoltaïques utilisés dans le monde, accapare également 60% de la construction mondiale des voitures électriques en plus des matériaux et composants nécessaires pour la fabrication des batteries de lithium. L’hégémonie commerciale imposée par la Chine au monde entier et qui se manifeste, pour notre pays, par un grave déficit irrémédiable devrait se renforcer dans les années à venir par un monopole sur le marché mondial des énergies renouvelables qui empêchera la Tunisie, si elle reste les bras croisés, de ne jamais rattraper son retard.

H.G.

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