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Le taux de fécondité en baisse : Pourquoi les Tunisiens ne veulent plus d’enfants…?

Par Myriam BEN SALEM-MISSAOUI

 Le taux de fécondité en Tunisie est en baisse alors que le vieillissement démographique s’accélère. Un paradoxe qui inquiète les spécialistes… Est-il si inquiétant? 

 

C’est lors d’une table ronde intitulée “Lecture des transformations démographiques en Tunisie sous l’angle de l’égalité entre les sexes”, organisée mardi à Tunis, que les démographes ont débattu de la question de la baisse de fécondité en Tunisie. Le taux de fécondité en Tunisie se situe en effet entre 1,6 et 1,7 en 2023 alors que ce taux doit être compris entre 2 et 2,4. Un taux qui serait idéal pour maintenir une structure démographique jeune et équilibrée. Selon, par ailleurs, le président- directeur général de l’Office national de la famille et de la population, Mohamed Douaaji: «Le déclin du taux de fécondité est lié à plusieurs facteurs, tels que l’intensification de l’émigration des Tunisiens à l’étranger, l’augmentation des divorces et la baisse des taux de mariage. Ce qui explique la diminution de la fécondité en Tunisie par «un changement dans les aspirations des jeunes». Et d’ajouter: «Les jeunes préfèrent aujourd’hui garder leur indépendance et la réalisation de leurs projets personnels à avoir de nombreux enfants». Selon, également, les chiffres de l’Institut national de la statistique (INS), le nombre de mariages annuels en Tunisie est à la baisse, «les mariages sont passés de près de 110.000 en 2014 à seulement 77.000 en 2021», révèle le dernier bulletin de l’INS. 

L’autre chiffre qui inquiète les chercheurs est celui du nombre des familles. En effet, le noyau moyen d’une famille tunisienne avait diminué pour passer de plus de cinq personnes durant les années 1990 à moins de quatre personnes aujourd’hui. Les chiffres montrent aussi une baisse considérable de la fertilité de la femme qui avait l’habitude d’avoir six enfants en 1975 contre moins de deux enfants actuellement. L’âge moyen durant lequel les femmes se mariaient est passé de 24 ans au cours des années 1980 à trente ans actuellement. Le nombre annuel des nouveaux-nés est passé de 225.000 en 2014 à 160.000 en 2021. Quels sont, de fait, les risques de ce phénomène sur le plan social et économique? 

 Une bombe à retardement …

Tous les démographes le disent: «Le défi démographique le plus redoutable auquel le monde fait face n’est plus la croissance de la population, mais son vieillissement. Une préparation soigneuse, combinant modification des comportements, investissements dans le capital humain et les infrastructures, réformes des politiques et des institutions et innovations technologiques, peut permettre aux pays de relever le défi et tirer parti des possibilités offertes par l’évolution démographique». Qu’en est-il, alors, en Tunisie? 

Les prévisions démographiques indiquent que les personnes âgées de 60 ans ou plus devraient représenter 18% de l’ensemble de la population à l’horizon 2030, alors que l’espérance de vie à la naissance devrait poursuivre sa progression pour atteindre 77,5 ans pour les hommes et 82 ans pour les femmes. Pour l’universitaire Salem Chérif: «Ces chiffres montrent bien que la tendance est au vieillissement de la société tunisienne. Une tendance qui a un coût notamment au niveau économique. Des personnes âgées qui ne produisent pas constituent, justement, un frein pour la croissance. L’on sait, par ailleurs, que le vieillissement pourrait avoir une incidence sur l’épargne, ce qui pourrait influer sur l’investissement et, par conséquent, sur la productivité, l’innovation et, en fin de compte, le revenu par habitant. Aussi, le vieillissement de la population va lourdement peser sur les finances publiques. Un document de travail de l’OCDE publié à la fin de l’année 2022 indiquait que les dépenses de santé publique, de soins de longue durée et de retraite publique allaient augmenter de 5 points de PIB entre 2021 et 2060. Alors, il faut anticiper ce phénomène et désamorcer cette bombe avant qu’elle n’explose».

M.B.S.M.

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