Selon le gouverneur de Baalbeck-Hermel, 15 morts ont déjà été identifiés parmi les vingt disparus dans une frappe sioniste qui a fait s’effondrer deux immeubles jeudi soir.
La guerre n’était pas une chose nouvelle pour lui. Mais celle-ci n’était pas comme les autres : beaucoup plus violente, beaucoup plus destructrice. Il la détestait. Il disait d’elle qu’elle était « barbare » et « absurde ». Bilal Raad était le responsable de la direction générale de la Défense civile libanaise (DCL) pour le caza de Baalbeck-Hermel, dans l’est du Liban. Il avait 58 ans et était père d’une petite fille de deux ans qu’il ne verra pas grandir : il a été tué dans la frappe israélienne qui a ciblé jeudi 14 novembre au soir un centre de la Défense civile à Douris, dans la région de Baalbeck. Le bâtiment tout entier s’est effondré, ainsi que l’immeuble adjacent. Selon le gouverneur Bachir Khodr, 15 morts ont été pour l’heure identifiés parmi les vingt disparus.
Toutes les victimes de l’attaque font partie de la DCL. « Bilal et son équipe étaient vraiment très courageux, alors que ce sont pour la plupart des jeunes volontaires », indique Hikmat Chreif, un ami de longue date du défunt. « Il n’avait pas peur au moment du sauvetage, mais il s’inquiétait beaucoup en amont de ce qui pourrait arriver. Il me disait souvent : “Que Dieu nous protège, pourvu qu’il ne nous arrive rien !” » Alors que sa famille avait trouvé refuge à Deir el-Ahmar, localité chrétienne voisine où nombre de déplacés chiites de la région ont pu fuir, lui était resté à Baalbeck, sa ville natale, pour contribuer activement aux efforts de solidarité.
Vendredi matin, le gouverneur de Baalbek-Hermel a publié sur le réseau X un hommage à Bilal Raad. « J’avais l’habitude de t’appeler après chaque raid pour le suivi du déblaiement. Et à chaque fois, tu arrivais sur les lieux visés avant moi. Qui allons-nous appeler maintenant ? Qui retirera les décombres ? Qui éteindra les incendies qui brûlent dans les cœurs visés par l’agression ? » Le président de la municipalité de Baalbeck, Moustapha el-Chall, a quant à lui salué dans un communiqué la mémoire d’un homme « impulsif et amoureux de Baalbeck et de ses habitants ».