Depuis le déclenchement des hostilités entre Israël et le Hezbollah en octobre 2023, des signes inquiétants pointent vers une possible tentative de colonisation du Liban par Israël. Les déclarations récentes des responsables israéliens évoquent une série de mesures qui semblent aller au-delà des simples préoccupations sécuritaires. D’une part, l’idée de créer une nouvelle “zone de sécurité” au sud du Liban est avancée comme une solution pour protéger les citoyens israéliens des attaques. Cependant, les précédentes expériences de telles zones montrent qu’elles peuvent rapidement se transformer en occupations prolongées. D’autre part, des voix influentes au sein du gouvernement israélien remettent en question l’accord sur la délimitation des frontières maritimes signé en 2022, soulevant la possibilité de nouvelles revendications territoriales dans les eaux libanaises riches en ressources naturelles.
Ces déclarations ne sont pas des cas isolés, mais semblent faire partie d’une stratégie plus large qui met en péril la souveraineté libanaise.
Opérations terrestres : Des incursions limitées aux ambitions expansionnistes ?
Les récents affrontements à la frontière sud du Liban avec Israël, qualifiés de “limités” par les responsables israéliens, soulèvent des questions sur la véritable intention de ces opérations. Historiquement, Israël a mené plusieurs incursions militaires au Liban sous prétexte de protéger ses frontières. En 1978 et 1982, les incursions israéliennes au Liban avaient commencé sous des motifs similaires de protection des citoyens israéliens contre les attaques transfrontalières. Ces opérations, pourtant décrites comme limitées, ont rapidement dégénéré en occupation à long terme. De 1982 à 2000, Israël a maintenu une zone de sécurité dans le sud du Liban, une occupation qui a duré près de deux décennies.
Aujourd’hui, la dynamique semble similaire. Les opérations terrestres israéliennes en octobre 2023 ont été annoncées comme des réponses ciblées aux menaces du Hezbollah. Cependant, l’expérience montre que ces actions peuvent facilement évoluer en une présence militaire prolongée, voire en une tentative d’annexion. Le soutien croissant au sein de certaines factions israéliennes pour une annexion formelle du sud du Liban en tant que “zone de sécurité” renforce cette inquiétude. Le Liban se trouve ainsi confronté à une menace directe à sa souveraineté, sous couvert de préoccupations sécuritaires.
Contrairement à la Palestine, le Liban dispose d’un État reconnu au niveau international, avec des frontières définies et protégées par des résolutions des Nations Unies. La résolution 1701, adoptée en 2006 après la guerre entre Israël et le Hezbollah, garantit théoriquement la souveraineté et l’intégrité territoriale du Liban. Cependant, dans le momentum actuel, Israël semble s’affranchir de ces lignes rouges, ignorant les résolutions internationales, bénéficiant d’un soutien sans limite des pays occidentaux, les USA et la France en tête, et agissant unilatéralement en fonction de ses intérêts stratégiques.