Par Hassan GHEDIRI
Alors que dans le monde le photovoltaïque progresse à un rythme très soutenu, la Tunisie n’arrive encore pas à exploiter son potentiel solaire incomparable.
C’est en tout cas ce qui ressort des chiffres de l’Association africaine de l’énergie solaire, l’AFSIA (Africa Solar Industry Association) qui vient de publier son rapport The Africa Solar Outlook 2025. Ce document, à travers lequel l’AFSIA tente de faire l’état des lieux de l’énergie solaire dans le continent en 2024, établit un classement des pays africains, et ce, d’après leurs nouvelles réalisations dans l’énergie solaire au cours de l’année écoulée.
Dans ce classement, la Tunisie occupe la 14e place avec une puissance d’énergie solaire cumulée installée qui était de l’ordre de 14 mégawatts. Il s’agit d’un petit progrès réalisé par notre pays durant 2024 se traduisant par une légère hausse de l’énergie solaire générée par toutes les installations et qui a été estimée par l’AFSIA à 4%. Ce résultat ne peut toutefois camoufler le grand échec en terme de réalisation des objectifs en ce qui concerne la transition énergétique.
D’après les données de l’AFSIA, la Tunisie, qui a généré en 2022 un peu plus de 210 gigawatts à partir du solaire, voit toujours la part de cette énergie renouvelable dans son mixe énergétique se situer à un niveau très faible de 0,9%. Avec ce taux, la Tunisie dégringole encore davantage sur l’échelle continentale pour occuper la 41e place du classement en tête duquel caracole la République du Centre Afrique avec un taux qui dépasse 43%.
Malgré son classement, la Tunisie a, en 2024, fait mieux que le Maroc, le pays qui a investi massivement durant la dernière décennie dans les énergies renouvelables en se dotant de très grandes centrales photovoltaïques. Il ressort en effet du The Africa Solar Outlook 2025 que dans l’indice «watts-crête», qui mesure la capacité installée en énergie solaire par rapport au nombre d’habitants, qu’un citoyen tunisien a un meilleur accès au photovoltaïques qu’un citoyen marocain.
Nouvel indice
Cette méthodologie d’analyse des performances des pays employés par l’AFSIA pour la première fois en 2023 et qui est destinée à évaluer les réalisations dans le solaire selon la taille du pays, sa population et son potentiel de production photovoltaïque, est supposée accorder plus de crédits et de visibilité aux petits pays qui font des efforts. C’est sur cet angle que la Tunisie avec 14 MW installés en 2024 s’est vue devancer par le Maroc qui se positionne à la 18e place avec 6,71 MW.
Malgré l’énorme potentiel d’énergie solaire dont elle dispose, la Tunisie continue néanmoins à être très en retard en ce qui concerne la réalisation des objectifs de transition énergétique. Notre pays, qui jouit de l’un des taux d’ensoleillement les plus élevés en Afrique, n’arrive toujours pas à créer une dynamique d’attraction des investissements à même d’exploiter son potentiel photovoltaïque incomparable.
C’est presque le même constat que l’AFSIA dresse pour le contient qui, en 2024, n’a contribué que de 0,5% des nouvelles installations réalisées à l’échelle mondiale. Cette part ne reflète pas le potentiel de l’Afrique qui souffre en même temps de grandes disparités entre les pays. Sur environ 2,5 GW installés en Afrique en 2024, 78% sont réalisés par deux pays: l’Afrique du Sud et l’Égypte, représentant respectivement 50 et 29% de la performance du continent.
H.G.