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Editorial : Le dernier rempart contre l’anarchie …

Par Chokri Baccouche

Après avoir rétropédalé un tantinet concernant son fameux projet de déporter les Palestiniens sans droit de retour avant de reconstruire et transformer Gaza en « Riviera du Moyen-Orient », le président américain est revenu donc à la charge, plus déterminé que jamais à concrétiser son projet. Après les missiles « langue portée » qui ont suscité une levée de bouclier à l’échelle internationale, place cette fois-ci au cinéma. Dans une vidéo théâtralisée, mise en ligne mardi dernier sur son compte « Truth Social », Donald Trump pousse encore plus, en effet, sur le champignon de la provocation et met toute la planète devant le fait accompli. D’une durée d’à peine 35 secondes, le film, réalisé grâce à l’Intelligence artificielle, montre ce que serait dans un futur proche « l’enclave israélienne » si les Etats-Unis la récupéraient et l’administraient. On y voit tout plein d’édifices cossus sortis des décombres des anciens immeubles ravagés par les bombardements sionistes durant les 15 mois de combat. Les habitations des Gazaouis qui se sont effondrées sur leurs occupants, des femmes et des enfants pour la plupart, cèdent ainsi la place, par la « magie de l’image artificielle » à une forêt de gratte-ciel et d’hôtels de luxe qui transpirent l’opulence et l’extravagance. La station balnéaire pour milliardaires est une des composantes majeures du projet « trumpiste » qui se veut un sérieux concurrent de Dubaï. Et pour rendre à César ce qui lui revient de droit, une statue de Trump grandeur nature serait plantée entre deux palmiers, au beau milieu d’un square névralgique de la « future Riviera du Moyen-Orient », histoire d’immortaliser l’auteur de cette œuvre magistrale sans nulle autre pareille.

Comme il fallait s’y attendre, la vidéo en question a provoqué un tollé international. Elle a suscité des réactions de colère et d’indignation en chaine particulièrement sur les réseaux sociaux où les internautes, toutes origines et nationalités confondus, ont stigmatisé le « délire du président américain  qui se prend pour Dieu le Père sur terre » et traite « les autres terriens comme ses sujets ». Donald Trump se comporte en effet comme un suzerain du Moyen-âge. Bien plus, un « supra-monarque » hors norme qui fait ce que bon lui semble et décide du sort de tous les peuples de la planète. Excentrique et imbu de sa personnalité, il se croit tout permis et pense qu’il n’a aucun compte à rendre à personne. Si le Groenland lui tape à l’œil pour des raisons stratégiques ou pour s’approprier ses minéraux rares, cela ne pose pas de problème, il décide de le prendre tout simplement comme le fait un vulgaire marchand escroc dans un marché à puces. Idem pour le Canada, le futur 51ème Etat américain selon la vision rocambolesque et farfelue du président U.S, le Canal de Panama et Gaza. De là à penser que le locataire de la Maison Blanche est devenu un vecteur de chaos dans le monde, il n’y a qu’un pas que beaucoup de pays ont déjà franchi, y compris d’ailleurs les Etats alliés de Washington. Et ce ne sont certainement pas les Européens qui ont été traités comme des sous-fifres ces derniers temps par l’administration américaine qui vont infirmer cette cruelle vérité.

Dans ce capharnaüm international où la loi de la jungle est devenue la règle, la communauté internationale serait bien inspirée de réagir et surtout d’agir dans l’urgence pour remettre de l’ordre dans ce sacré fatras, lourd de conséquences pour l’avenir de l’ensemble de l’humanité. Des conséquences désastreuses s’entend car ce déni flagrant du droit international est le chemin le plus court pour accélérer la course aux armements et la terre fertile qui va inévitablement alimenter les tensions et les guerres dans un futur proche. Les pays arabes qui s’apprêtent à tenir un sommet initialement consacrée à Gaza, ne doivent pas demeurer en reste. Ils sont appelés à exorciser en effet les démons de l’ineptie, la léthargie et la résignation car l’enfer, ce n’est pas seulement le triste destin des Palestiniens. Plus aucun pays ne sera, en effet, à l’abri du tsunami ravageur en cours qui n’est pas près d’arrêter de sitôt sa course folle vers l’inconnu.

Le triomphe du droit international est l’unique voie de salut susceptible de prémunir l’ensemble de l’humanité contre les dérives jusqu’au-boutistes, fondées sur la force et la violence qui ont marqué l’Histoire. Dans l’intérêt de tous, la logique et le bon sens dictent la marche à suivre pour tous les peuples de la planète pour préserver ce sanctuaire qui constitue le dernier rempart contre l’anarchie et le chaos, porteurs de lendemain qui déchantent…

C.B.

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