Le secteur pharmaceutique tunisien, bien que relativement jeune, s’affirme comme un acteur clé dans le paysage économique et sanitaire du pays.
Depuis les années 1980, la Tunisie a vu une transformation significative de son secteur pharmaceutique, passant d’une dépendance à une production limitée à une dynamique d’exportation et d’innovation. Aujourd'hui, ce secteur se positionne non seulement comme un fournisseur de médicaments pour le marché local, mais également comme un potentiel hub régional pour la production pharmaceutique.
Développement du secteur pharmaceutique
Le développement de l’industrie pharmaceutique en Tunisie est le fruit d'une série d'initiatives visant à encourager l'investissement et l'innovation. Avec plus de 70 entreprises actives dans le domaine, le pays a réussi à couvrir environ 75% des besoins nationaux en médicaments.
Cette capacité de production est soutenue par un capital humain hautement qualifié et une infrastructure en constante amélioration. Les médicaments génériques représentent une part importante de cette production, avec plus de 49% des médicaments fabriqués localement, contrastant avec moins de 10% pour les importations. Cette orientation vers les génériques permet à la Tunisie de répondre efficacement aux besoins de sa population tout en se préparant à conquérir des marchés étrangers.
La Tunisie a vu ses exportations pharmaceutiques tripler au cours des cinq dernières années, atteignant environ 40 millions de dinars tunisiens. Les principaux marchés d'exportation incluent les pays du Maghreb, l'Europe et l'Afrique subsaharienne.
Cette croissance est le résultat d'une stratégie claire visant à renforcer la compétitivité du secteur sur la scène internationale. Cependant, malgré cette dynamique positive, le volume des exportations reste considéré comme faible par rapport au potentiel du marché, ce qui soulève des questions sur la capacité du pays à se positionner comme un leader régional.
Relance structurelle
La Société tunisienne des industries pharmaceutiques (Siphat), fondée en 1970, joue un rôle central dans cette transformation. Récemment, le ministre de la Santé a annoncé un plan ambitieux pour relancer la production de Siphat, visant à garantir la sécurité sanitaire du pays. Avec un catalogue riche de plus de 141 brevets et 135 spécialités pharmaceutiques, Siphat est bien positionnée pour répondre aux besoins nationaux. La reprise de ses activités après une interruption de deux ans est perçue comme une étape cruciale pour renforcer l'autonomie du pays en matière de médicaments essentiels.
En parallèle, la relance de Siphat ouvre des perspectives pour l'exportation. En renforçant sa capacité de production et en améliorant la qualité grâce à des normes rigoureuses et à une numérisation accrue, Siphat peut devenir un acteur clé sur le marché national et international. Cela pourrait également inciter d'autres entreprises pharmaceutiques à investir en Tunisie, attirées par un environnement favorable et une main-d'œuvre qualifiée.
Une réglementation à ajuster
Malgré les avancées réalisées, l'industrie pharmaceutique tunisienne fait face à des obstacles réglementaires et administratifs qui entravent son développement. Les procédures d'approbation des médicaments sont souvent longues et complexes, ce qui peut dissuader les investisseurs étrangers. Les acteurs du secteur appellent donc à une réforme des réglementations afin de faciliter l'installation de nouvelles unités de production et d'encourager les investissements.
Avec une base solide et des perspectives d'expansion significatives, l'industrie pharmaceutique tunisienne pourrait non seulement répondre aux besoins locaux mais également jouer un rôle prépondérant sur la scène régionale et internationale. La clé réside dans la capacité du pays à naviguer efficacement dans les défis réglementaires tout en capitalisant sur ses atouts humains et technologiques pour bâtir un avenir durable et innovant dans le domaine pharmaceutique.