La Tunisie s'affirme comme un pionnier régional dans la lutte contre le changement climatique.
Avec sa Contribution Déterminée au Niveau National (CDN) ambitieuse, le pays s'engage résolument sur la voie d'un développement bas carbone, marquant ainsi un tournant décisif dans sa politique environnementale.
Enjeux de compétitivité
« La décarbonation des entreprises tunisiennes reste actuellement un impératif pour maintenir leur compétitivité sur le marché international », a déclaré le responsable de la Direction Générale de l’Infrastructure Industrielle et Technologique (DGIIT) au ministère de l’Industrie, des Mines et de l’Energie, Adnane Zidane.
Intervenant lors d’un atelier tenu, mardi 5 novembre 2024, à Tunis, autour du thème « La décarbonation des entreprises industrielles : vers une industrie plus durable », le responsable a considéré que la décarbonation industrielle constitue actuellement un réel obstacle entravant les échanges commerciaux, notamment avec le marché européen, soulignant que la Tunisie est dotée d’une stratégie industrielle et d’innovation Horizon 2035 reposant sur une économie modernisée, compétitive et efficace dans l’utilisation des ressources et dont les émissions nettes en gaz à effet de serre seront réduites d’ici l’horizon de 2030.
Il a indiqué, sous ce même angle, que le département de l’industrie a mis en œuvre, en 2022, en partenariat avec la GIZ, le projet « Croissance Qualitative pour l’Emploi » (CQE) ayant comme principal objectif la modernisation de l’industrie tunisienne en termes de durabilité économique et écologique dans les secteurs prioritaires.
Le responsable a rappelé également que ce projet vise à renforcer les compétences des structures d’appui (la formation et la qualification des experts nationaux en comptabilité carbone et des experts en IS O50001). Il s’agit, également, d’assurer l’accompagnement d’un lot d’entreprises pour calculer leur bilan carbone et élaborer un plan d’action d’atténuation des émissions, a-t-il encore fait savoir.
S’agissant des entreprises industrielles exportatrices, Zidane précise qu’elles sont appelées à mettre en place une stratégie de décarbonation visant à accélérer leur processus de transition énergétique et à adopter des technologies propres et renouvelables.
Réduire l'intensité carbone
Dans ce contexte, il est à signaler qu’au cœur de la stratégie tunisienne se trouve un engagement audacieux : réduire l'intensité carbone du pays de 27% d'ici 2030 par rapport aux niveaux de 2010, avec une possibilité d'atteindre 45% sous réserve de soutien financier adéquat.
Cette initiative vise à ramener les émissions par habitant à environ 2,4 tonnes équivalent CO2, un chiffre nettement inférieur aux 7 tonnes enregistrées en 2010. Ce projet ambitieux positionne la Tunisie comme un acteur clé dans la lutte contre le réchauffement climatique en Afrique du Nord.
La stratégie tunisienne ne se limite pas à un seul secteur. Elle englobe une variété de domaines cruciaux, notamment l'énergie, l'industrie, l'agriculture et la gestion des déchets. Une attention particulière est portée à l'industrie du ciment, responsable d'environ 14% des émissions totales du pays. Cette approche holistique témoigne d'une compréhension approfondie des enjeux et d'une volonté de transformation à l'échelle nationale.
Dans sa quête d'une économie plus verte, la Tunisie envisage l'introduction de mécanismes de tarification du carbone. Ces outils, qui pourraient inclure des taxes sur le carbone et des systèmes d'échange de quotas d'émission, visent à stimuler les investissements dans l'efficacité énergétique et les énergies renouvelables.
L’introduction d'une taxe carbone viserait à internaliser les coûts environnementaux des émissions de gaz à effet de serre. D'autre part, un système d'échange de quotas d'émission permettrait de créer un marché du carbone, incitant les entreprises à réduire leurs émissions de manière efficace et économiquement viable.