La valorisation des terres collectives en Tunisie représente un enjeu économique majeur, surtout dans un contexte où la sécurité alimentaire et le développement durable sont au premier plan des préoccupations nationales.
Depuis les réformes foncières des années 1970, la gestion de ces terres a évolué, mais les résultats escomptés en termes de dynamisme économique et d'inclusion sociale sont encore en deçà des attentes. Les défis liés à la gouvernance, à l'accès aux ressources et à l'environnement doivent être abordés pour réaliser pleinement le potentiel de ces espaces.
Défis structurels
La gestion des terres collectives en Tunisie a été marquée par une série de réformes qui ont cherché à répondre aux besoins économiques croissants. La loi de 1971 a introduit un cadre législatif pour la privatisation des terres collectives, visant à améliorer leur exploitation.
Cependant, cette transition a été entravée par des problèmes structurels, notamment la marginalisation des conseils de gestion locaux, qui sont censés jouer un rôle clé dans l'attribution et la régulation de l'utilisation des terres. Ces conseils, souvent perçus comme déconnectés des réalités locales, peinent à instaurer une confiance nécessaire pour une gestion efficace et participative.
Potentiel économique considérable
Avec près de 3 millions d'hectares de terres collectives, dont une grande partie reste sous-exploitée, la Tunisie dispose d'un potentiel économique considérable.
La transformation de ces terres en exploitations agricoles productives pourrait non seulement renforcer la sécurité alimentaire mais également créer des emplois dans les zones rurales.
Des initiatives récentes ont montré que l'introduction de cultures diversifiées et l'amélioration des techniques agricoles peuvent revitaliser ces espaces. Néanmoins, la valorisation doit être accompagnée d'une régulation stricte pour éviter le morcellement excessif et garantir un accès équitable aux ressources.
Valorisation des terres collectives
L'impact environnemental de la valorisation des terres collectives est également significatif. Les pratiques agricoles intensifiées peuvent conduire à une pression accrue sur les ressources naturelles, notamment l'eau et les sols. Dans les régions arides comme Tataouine, où les conditions climatiques sont déjà difficiles, il est essentiel d'adopter une approche durable qui préserve les écosystèmes tout en répondant aux besoins économiques.
Par ailleurs, les inégalités sociales se creusent lorsque certaines populations bénéficient disproportionnellement des opportunités offertes par la privatisation des terres, tandis que d'autres restent exclues.
Intégration dans le cycle économique
Les initiatives récentes pour valoriser les terres collectives en Tunisie illustrent une volonté politique forte d'intégrer ce patrimoine foncier dans le cycle économique, tout en répondant aux besoins des communautés locales.
Une commission de pilotage a été mise en place pour modifier la loi régissant les terres collectives. Cette initiative s'inscrit dans un effort plus large pour réformer le système de gestion des biens domaniaux en Tunisie.
L'objectif est d'améliorer les conditions d'exploitation des terres collectives, de favoriser leur mise en valeur et d'assurer une meilleure régulation des activités agricoles. Cela comprend également la révision du décret n° 1870 de 2015, qui vise à régulariser la situation des bénéficiaires précédents et à équilibrer les droits fonciers.
Ces efforts visent à restaurer la confiance entre les populations locales et les autorités, tout en garantissant que les bénéfices économiques de la valorisation des terres collectives soient partagés équitablement. En intégrant ces initiatives dans une stratégie globale, la Tunisie pourra maximiser le potentiel économique de ses terres collectives tout en préservant la cohésion sociale et en soutenant le développement durable.