La Tunisie se trouve à un tournant économique avec l'introduction de son projet de loi de finances (PLF) 2025, qui propose des variations significatives des taux d'imposition.
Cette réforme, visant à renforcer les recettes fiscales, pourrait avoir des répercussions importantes sur l'économie nationale, notamment en ce qui concerne les sphères de l’emploi et de l’investissement. Les implications de cette politique fiscale soulèvent des questions fondamentales sur les choix du modèle économique tunisien.
Une réforme audacieuse
Le PLF 2025 introduit un nouveau barème pour l'impôt sur le revenu des personnes physiques (IRPP), augmentant les taux pour les revenus supérieurs à 50 000 dinars, qui passeront de 35 % à 40%. Cette révision vise à établir un système fiscal plus progressif, où les contribuables aux revenus modestes bénéficieront d'une réduction d'impôt significative, tandis que les classes supérieures seront davantage sollicitées.
Toutefois, cette approche soulève des interrogations quant à son impact sur le pouvoir d'achat des Tunisiens, les objectifs de l’équité fiscale et les différentes formes de mobilisations des ressources financières du budget dans un contexte marqué par une volonté accrue des pouvoirs publiques pour assurer les équilibres des finances publiques et maîtriser le déficit budgétaire.
Enjeux et défis
L'augmentation des impôts peut inciter les contribuables à modifier leur comportement économique. Face à des charges fiscales jugées excessives, de nombreux Tunisiens pourraient choisir de réduire leur activité économique ou même de se tourner vers l'économie informelle pour éviter les taxes.
Ce phénomène n'est pas nouveau ; il a été observé dans diverses économies où des taux d'imposition élevés ont conduit à une évasion fiscale accrue. Les travailleurs indépendants et les petites entreprises pourraient être particulièrement touchés, cherchant à minimiser leurs obligations fiscales en opérant en dehors du cadre légal.
L'impact sur l'économie informelle pourrait avoir des conséquences profondes sur le tissu économique tunisien. D'une part, cette économie parallèle peut sembler offrir une solution temporaire pour les contribuables cherchant à préserver leur pouvoir d'achat. Cependant, elle représente également une perte significative de recettes fiscales pour l'État, exacerbant ainsi les problèmes budgétaires déjà présents.
La Tunisie, qui dépend fortement des recettes fiscales pour financer ses services publics et ses programmes sociaux, pourrait se retrouver face à des défis liés au fait que l'augmentation des impôts pourrait entraîner une diminution des recettes, alimentant davantage l'économie informelle.
Par ailleurs, la dynamique de l'économie informelle peut également nuire à la concurrence loyale. Les entreprises opérant légalement sont souvent désavantagées par rapport à celles qui échappent aux réglementations fiscales. Cela peut créer un environnement où les entreprises respectueuses des lois voient leurs marges réduites et leur capacité d'investissement compromise, ce qui freine la croissance économique globale.
Les impacts de la réforme
La Tunisie s'apprête à mettre en œuvre son projet de loi de finances (PLF) 2025, qui introduit une variation significative des taux d'imposition, notamment pour les revenus les plus élevés. Cette réforme fiscale, bien qu'elle vise à renforcer l'équité et à augmenter les recettes publiques, suscite des interrogations quant à ses répercussions sur la classe moyenne, déjà éprouvée par une inflation persistante et une stagnation des salaires.
Le PLF 2025 propose une révision des tranches d'imposition qui touche directement la classe moyenne. Les contribuables, gagnant entre 20 000 et 30 000 dinars par an, représentant une part importante de cette classe, verront leur impôt passer à 30%, contre 28% précédemment. Cette augmentation pourrait aggraver le fardeau fiscal pour des ménages qui peinent déjà à maintenir leur pouvoir d'achat face à l'inflation.
En effet, alors que les salaires stagnent, les nouvelles charges fiscales risquent de réduire encore davantage la capacité des familles à faire face à leurs dépenses quotidiennes.
Des experts ont averti que la classe moyenne pourrait être particulièrement touchée par cette mesure, avec une érosion de son pouvoir d'achat qui pourrait dépasser les 100 dinars par mois pour certains contribuables. Dans un contexte où le coût de la vie continue d'augmenter, cette situation pourrait entraîner un sentiment d'injustice parmi ceux qui se retrouvent piégés entre les tranches inférieures et supérieures.
Les implications de ces augmentations fiscales vont au-delà du simple impact sur le budget des ménages. Les petites et moyennes entreprises (PME), souvent considérées comme le moteur de l'économie tunisienne, pourraient également ressentir les effets négatifs de cette politique fiscale. La hausse de l'impôt sur les sociétés pourrait décourager l'investissement dans des secteurs déjà fragilisés par certaines contraintes économiques liées notamment à la conjoncture internationale. Cela pourrait limiter la création d'emplois et freiner l'innovation, deux éléments essentiels pour soutenir la croissance économique.
Alors que la Tunisie s'engage sur cette voie fiscale ambitieuse avec le PLF 2025, il est essentiel que le gouvernement prenne en compte non seulement l'objectif d'équité fiscale mais aussi les réalités économiques auxquelles font face ses citoyens. Les choix faits aujourd'hui auront un impact durable sur la viabilité des finances publiques et de l’économie du pays.