L’économie tunisienne fait face à des transformations majeures sous l’effet du changement climatique.
Lors d’une conférence organisée par l’Institut Tunisien de la Compétitivité et des Études Quantitatives (ITCEQ), en collaboration avec l’Agence Française de Développement (AFD), les impacts macroéconomiques de ce phénomène sur le secteur agricole tunisien ont été au cœur des débats. Une présentation du modèle GEMMES-Tunisie a permis de dresser un diagnostic alarmant.
Répercussions sur le secteur agricole
Le secteur agricole tunisien, pilier historique de l’économie nationale, est désormais exposé à des risques climatiques croissants. Les projections du modèle GEMMES révèlent que le réchauffement climatique engendrera une baisse annuelle de la production agricole de 0,5 % jusqu’en 2050.
Cette diminution affectera particulièrement les cultures emblématiques telles que les céréales, les olives et les dattes. Le scénario RCP 8.5, qui anticipe une hausse des températures de plus de 2°C et une réduction des précipitations, illustre la vulnérabilité de l’agriculture tunisienne face à la sécheresse et au déficit hydrique, positionnant le pays parmi les plus vulnérables au monde.
Effets sur la balance économique
Les effets du changement climatique ne se limitent pas à l’agriculture. L’étude souligne que sans une adaptation proactive, l’économie nationale subira une perte de PIB nominal comprise entre 4% et 11% d’ici 2050.
Cette contraction s’explique par la baisse de la production agricole et la hausse des prix des denrées alimentaires sur le marché mondial. Le déficit budgétaire pourrait s’aggraver, avec des projections atteignant jusqu’à 12,5% du PIB dans un scénario d’inflation élevée.
L’économie tunisienne, déjà fragilisée, doit donc faire face à une double peine : une réduction de la production locale et une dépendance croissante aux importations.
L’importance de l’adaptation
Face à ces perspectives inquiétantes, la Tunisie doit mettre en œuvre une stratégie d’adaptation efficace. Le scénario « Eau et Développement » proposé dans l’étude insiste sur la nécessité d’investir dans des infrastructures hydrauliques, notamment la construction de barrages et des systèmes d’économie d’eau.
Ces efforts devraient permettre de stabiliser la situation hydrique du pays tout en améliorant la productivité agricole. De plus, une gestion plus rigoureuse des ressources en eau est indispensable pour éviter une aggravation des déséquilibres internes et externes.
Une coopération internationale
Pour réussir cette transition, le modèle GEMMES met en avant l’importance de la coopération internationale et du financement durable. L’investissement dans la résilience climatique, à travers des crédits à taux bonifiés et des obligations vertes, pourrait offrir à la Tunisie les ressources nécessaires pour surmonter cette crise. Le pays doit aussi renforcer ses capacités de négociation pour accéder aux financements mondiaux, notamment via le Fonds Vert pour le Climat.
L’avenir économique de la Tunisie dépendra en grande partie de sa capacité à anticiper et à atténuer les impacts du changement climatique. La mise en place de politiques concertées et d’investissements dans des solutions écologiques est plus urgente que jamais pour garantir un développement durable et stable.