Par Imen Abderrahmani
Productrice, réalisatrice et cinéaste, Ismahane Lahmar cumule les expériences. « Cinéma ô féminin », qui est à sa 2ème édition, est un projet qu’elle mène passionnément pour renforcer la présence de la femme dans l’industrie cinématographique nationale.
A sa 2ème édition, « Cinéma ô féminin » s’est tourné vers la comédie. Cinq projets de courts-métrages d’une durée de 15 mn ont été achevés et présentés lors d’une séance de pitching qu’a accueilli l’Institut français de Tunisie (IFT) et qui a permis aux candidates d’entrer en interactivité avec le public présent, formé des professionnels, des étudiants en cinéma et des cinéphiles.
« C’était pour moi, une étape très importante. Le pitching est une annonce de la clôture de la 1ère phase de cette 2ème édition, c’est-à-dire l’étape de la réflexion sur l’idée et la rédaction du scénario. Etape basique et colossale pour mener le projet jusqu’au bout », nous a précisé Ismahane Lahmar, productrice, réalisatrice et cinéaste franco-tunisienne, initiatrice de ce projet qui vise à donner à la femme une meilleure visibilité devant et derrière la caméra.
Focalisant sur la comédie, un genre peu présent dans le cinéma tunisien, cette 2ème édition a donné le jour à cinq scénarios, cinq projets de courts-métrages. Pour Ismahane Lahmar, l’étape à venir est déterminante : trouver les fonds nécessaires pour transformer ces écrits en des films. « C’est tout un pack : cinq récits, cinq films. Je vais demander l’appui du Centre national du cinéma et de l’image (CNCI) et également d’autres structures pour que ce projet aboutisse dans les bons délais. Dès l’obtention du financement nécessaire, le tournage sera lancé. Nous profiterons certainement de l’étape de la prospection des fonds pour mettre quelques retouches sur les dialogues, pour faire le repérage… » A-t-elle souligné, espérant avoir des réponses positives dans les brefs délais.
« Pour cette 2ème édition, nous avons différents profils des participantes, ce qui fait nous avons eu de beaux et différents récits et l’échange durant la résidence d’écriture, que nous avons lancé dans le cadre de ce projet, a été enrichissant et a permis aux candidates d’affiner leur projet et d’avoir les outils nécessaires pour développer leurs scénarios. Ces futures scénaristes-réalisatrices ont été bien accompagnées tout au long de cette résidence par la réalisatrice, actrice et scénariste française Audrey Dana » a noté Ismahane Lahmar, initiatrice du projet « Cinéma ô féminin » qu’elle mène dans le cadre de sa société de production « Madame Prod ».
Pourquoi ce projet?
Ismahane Lahmar est catégorique. Malgré les mutations qu’a connu et vécu la Tunisie, lors de cette dernière décennie la présence de la femme dans le cinéma tunisien dépend toujours des histoires racontées et réalisées par des hommes.
Partant alors d’un ensemble de constats sur certaines formes de discrimination à l’égard des femmes dans la société tunisienne comme dans le cinéma, elle a choisi de passer à l’action et de mener différemment son combat. Et seule une image produite par une femme sur la femme peut aider à bannir tant de clichés. Ainsi, est né « Cinéma ô féminin », un projet mené par des femmes pour les femmes et qui propose à chaque édition, plusieurs formations, permettant aux jeunes femmes participantes à donner corps à leurs idées et avoir de nouvelles perspectives professionnelles.
Ainsi pour le bon déroulement du projet, un appel à candidatures est lancé. Les participantes sélectionnées bénéficient d’un coaching spécialisé dans le domaine du cinéma, à commencer par le passage de l’idée au scénario jusqu’au tournage et au montage et les différentes étapes de la post-production. Un coaching professionnel en art oratoire est également assuré et ce pour permettre aux participantes à ce programme de présenter et de défendre leurs projets surtout devant les jurys de différentes structures de subvention, a précisé notre interlocutrice.
Faisant le bilan de la 1ère édition de ce projet, Ismahane Lahmar pense avoir relevé le défi avec la production du film « J’irai au diable », premier long-métrage de « Madame Prod ».
Triplement signé par Ismahane Lahmar, au niveau du scénario, de la réalisation et de la production, le film a impliqué les participantes dans le processus de la production et a été à l’affiche de nombreux festivals. Encore, quelques participantes ont réussi à intégrer d’autres projets cinématographiques. Les objectifs de la 1ère édition ont été pleinement atteints. Pour la 2ème édition, en cours, Ismahane Lahmar tentera d’aller encore loin. Alors, bon vent !
I.A.