L’inscription de l’élément culturel « Les arts du spectacle chez les ṭwayef de Ghbonten », sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité affirme l’importance du travail mené par l’Institut National du patrimoine (INP).
Le dossier de candidature de la Tunisie a été inscrit mardi 3 décembre 2024 lors des travaux de la dix-neuvième session du Comité intergouvernemental de sauvegarde du patrimoine culturel immatériel qui se tient à Asunción, au Paraguay, du 2 au 7 décembre 2024. Il est ainsi à rappeler que la candidature a été déposée en 2021.
Il fait partie des 58 candidatures déposées pour inscription en 2024 à l’ordre du jour de cette rencontre annuelle à laquelle participent des représentants des Etats parties, des organisations non gouvernementales, des institutions culturelles et d'autres acteurs venus du monde entier pour l'évaluation des candidatures soumises par les Etats parties sur les Listes de la Convention de l'Unesco pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel.
Cette nouvelle inscription englobe les traditions et expressions orales, les pratiques sociales, les rituels et événements festifs ainsi que les savoir-faire liés à l'artisanat traditionnel.
« Les arts des ṭwayef de Ghbonten », également connus sous les noms de « ṭwaleb », « chwachin » et « jrayed el-Arab », sont ancrés dans le Sud-Est tunisien, particulièrement dans le gouvernorat de Médenine où ils se concentrent autour des villages d’El-Gosba, qui abrite cinq troupes, et de Mouggar, rattaché à la délégation de Béni Khedache.
Ces troupes s’inscrivent dans la tradition des poètes voyageurs, bardes des tribus du Sud tunisien, et animent principalement les mariages, tant au sein de leur communauté que dans toute la région du Sud-Est, couvrant des localités comme Médenine, Ben Guerdane, Béni Khedache, Koutine, Metameur, Sidi Maklouf, Ksar Jraa et l'île de Djerba.
« Les troupes interprètent des cantiques ou des chansons, revêtues de robes blanches et de chéchias (couvre-chef) écarlates. Elles sont accompagnées par le son du chenna, un tambour traditionnel. Composée d’un chef et d’un groupe d’interprètes masculins, chaque troupe s’enorgueillit d’un répertoire unique de chants allant du sacré au profane, mêlant humour et solennité et favorisant une atmosphère de camaraderie et de spontanéité. Cette pratique remonte à la moitié du XIXème siècle et à l’abolition de l’esclavage en Tunisie en 1846 », lit-on sur le site de l’UNESCO.
Dans ce contexte de libération, la communauté a créé cette forme d’expression qui combine des influences africaines, berbères et arabes. De plus en plus populaires auprès du public, les spectacles ont dépassé le cadre traditionnel et sont désormais souvent présentés dans le cadre de festivals et d’autres événements. Les femmes aident à préparer les vêtements et à brûler de l’encens avant le spectacle. Les artisans fabriquent les costumes, y compris les robes, les pantalons, les chaussures et les chéchias. La pratique est transmise de manière informelle au sein des familles et des communautés, oralement et par l’observation. Il s’agit d’une pratique festive et intergénérationnelle qui attire et fait participé les enfants grâce à son atmosphère ludique et légère. Pour les communautés pratiquantes, il s’agit d’un facteur d’identification et d’unification, et d’un moyen de transmission des normes sociales, explique la même source, décrivant la genèse du spectacle et son déroulement, en se référant sur le dossier initial déposé par la Tunisie et réalisé par les experts de l’Institut national du patrimoine (INP).
L’inscription des « arts du spectacle chez les ṭwayef de Ghbonten » ouvrira devant ces troupes musicales populaires, bien enracinées dans l’histoire, la porte des grands festivals internationaux ? Espérons-le.