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« Kamikaze » de Hassen Marzougui : La quête de l’idéalisme pousse-t-elle à la folie ?

En quête d’une société idéale, Hakim joue le « cleaner », tentant d’éliminer ces « citoyens » qui rendent la ville invivable…

Suis- je mort ou vivant ? C’est la question que pose le réalisateur Hassen Marzougui dans son nouveau court-métrage « Kamikaze », tentant de bouleverser la quiétude de son spectateur et l’inciter à réfléchir sur son quotidien, et sur sa manière de se comporter.

Sur une scène d’un corps massacré allongé dans une morgue et sur quelques organes d’un corps humain jetés par terre s’ouvre le film. Un premier choc pour le spectateur et non plus pour Hakim qui évolue dans cet espace un peu spécial où il trouve sa sérénité.

Dans ce lieu froid dont personne n’ose y entrer, entre les cadavres, Hakim passe son temps, tentant de reconstruire le monde, rêvant les yeux ouverts d’un nouveau monde, propre, juste…

Pour atteindre ses fins et rendre cette société idéale, il ne tarde pas à commettre des meurtres avec l’espoir de faire débarrasser la société de ces « parasites » qui la rongent de l’intérieur…

Porté par ses hallucinations, Hakim finit par tuer sa bien-aimée Rayhana et par se suicider avec l’espoir d’être ensemble dans un monde meilleur et pouvoir créer une famille.

S’interrogeant sur le vrai sens de la mort et de la vie, mettant l’accent sur cette violence qui consume la société (une violence parfois commise au nom de la loi comme cette tentative de viol dans le film), le réalisateur fait paraître toute cette laideur qui rend la société d’aujourd’hui invivable.

Tentant de prendre son destin entre les mains, de trouver sa place dans une société autre, non-hypocrite, dont les citoyens respectent la loi et la nature, Hakim s’est transformé en un tueur en série… Enfermé dans sa bulle, seul, porté par ses hallucinations et ses « convictions », il mène seul son combat pour un avenir meilleur.

Misant sur les lieux fermés, le réalisateur plonge son spectateur dans un labyrinthe, le poussant à réfléchir sur la logique de Hakim…

Psychodrame, un genre peu présent dans le cinéma tunisien, « Kamikaze » de Hassen Marzougui aborde à travers le personnage de Hakim la question de la santé mentale et également la crise des valeurs, présentant une société « sans repères » qui baigne dans le chaos.

L’histoire de « Kamikaze » est portée par excellence par l’acteur Abdelmoneem Chouyat, qui a déjà collaboré avec Hassen Marzougui dans « Bakchich », film qui a été au programme des Journées cinématographiques de Carthage (JCC) et à l’affiche de nombreux festivals.

Le film qui se clôture avec une scène de suicide composée sur les rythmes de « Strangers in the night » de Frank Sinatra se veut le récit musical de cette vie qu’imagine et souhaite Hakim avec Rayhana qu’il finit par la tuer et se suicider : être ensemble «  We’ve been together » et amoureux pour toujours (In love forever).

 

Imen Abderrahmani

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