Alors que les soirées hautement rythmées résonnent ici et là et le grand public semble être satisfait, le festival « Alwan » qu’organise le Centre culturel privé « Founoun » à Jemmel tente d’aller à contre-courant. Récit !
« C’est ce que demande le public », une phrase qui résume la mentalité avec laquelle de nombreux directeurs de festivals préparent leurs programmes, sans oublier très souvent « le copier -coller » qui fait que tous les festivals se ressemblent, comme si ces manifestations sont faites seulement pour divertir le grand public et répondre à ses attentes. Mais est-ce le seul rôle du festival ? Quelle place pour la découverte et le développement du goût de l’art ? Quelle place pour l’innovation ?
Ces dernières années, l’ultime objectif de la majorité des directeurs des festivals semble être l’affichage des « guichets fermés » comme si le festival est créé pour des fins commerciales et non plus culturelles et esthétiques. L’affluence publique ne peut jamais être le seul indice de réussite.
A contre-courant, le Centre culturel privé « Founoun » à Jemmel est allé dans la sélection des spectacles de cette première édition de son festival d’été. Organisé du 4 au 13 août 2024, le festival propose pour son ouverture une nuit symphonique. Choix audacieux qui vise à permettre aux habitants de la ville de Jemmel et surtout aux jeunes passionnés de musique l’occasion d’écouter de la musique classique et de découvrir l’un des orchestres les plus prometteurs de la région : l’Orchestre symphonique du conservatoire de musique et de danse de Sousse qui se produira à l’ouverture, soit le 04 août 2024, sous la direction de Naceur Al Afrit, proposant pour ce rendez-vous exceptionnel un bouquet de compositions les plus célèbres dont nous citons : la danse hongroise n°1 et la danse hongroise n° 5, la 2ème valse Chostakovitch, Le Canon de Pachelbel et une sélection de musique de films comme « The last Waltz » de Scorses et « Cries and whispers » de Bergman.
La soirée qui démarre à 19h00, verra la participation de la soliste Narimène Bouchalghouma.
… « Du jamais vu »
Le programme de la manifestation qui démarre avec comme slogan « Combattre la médiocrité et la stagnation intellectuelle » propose une série de pièces de théâtre.
Des œuvres de qualité qui ne figurent pas dans les circuits commerciaux sont proposés, au grand bonheur des habitants de la ville, telles que « Gamra hamra » de Youssef Moulehi, « Expérience 51 » de Dhia Mansouri, « Le précieux trésor » de Tarek Oueslati (Spectacle pour enfants) et « Dégénérescence » de Ammar Ltifi, une pièce d’une durée de 50 min, où le metteur en scène, également l’interprète, raconte son combat avec la dégénérescence maculaire, cette pathologie des yeux depuis son enfance, faisant un parallèle avec la dégénérescence des valeurs dans la société. Chorégraphie, arts visuels et théâtre se rencontrent dans cette performance où l’artiste mène son public au cœur du brouillard et des incertitudes.
La musique sera au cœur de ce rendez-vous avec un concert de l’artiste multidisciplinaire Yasser Jeradi qui partagera avec l’assistance un bouquet composé de ses anciennes comme nouvelles chansons et avec qui le public aime toujours chanter « Narjaalek dima narjaalek »… « Much Love » ainsi s’intitule ce nouveau spectacle qui chante l’amour dans tous ses états et qui explore des références soufies tels qu’Al-Hallaj, Ibn Arabi., Jalal al-Din al-Rumi et Shams al-Tabrizi. Il est à noter que tous les spectacles se déroulent au Centre, à partir de 19h00.
Avec cette programmation, l’équipe du Centre « Founoun » relèvera le défi ? « A cœur veillant, rien d’impossible » !
Imen Abderrahmani