Le long-métrage tunisien « Les Baliseurs du Désert » (1984) de Nacer Khemir sera projeté le 26 avril 2024, en présence du réalisateur, dans le cadre du Ciné-Séminaire « Afrique à l’Humathèque », qui se présente comme un espace hybride, de réflexion collective et de débat, entre séminaire de recherche et ciné-club, organisé à l’Humathèque du campus Condorcet à Aubervilliers (France), lit-on sur le site des organisateurs.
Pour cette première édition qui a démarré au mois de janvier pour se poursuivre jusqu’au mois de juin 2024, le ciné-débat vise à explorer les changements et bouleversements qui ont traversé les sociétés africaines postcoloniales en interrogeant le regard porté par des cinéastes africains sur leurs sociétés. Pour ce cycle inaugural, intitulé « Les sociétés africaines au miroir de leur(s) cinéma(s) », visant à mettre en valeur la richesse des cinémas d’Afrique, a été choisi le premier long-métrage de Nacer Khemir qui « rompt avec le réalisme qui, sous ses diverses formes, caractérise jusque-là le cinéma tunisien et plus largement nord-africain », explique la même source.
En s’attachant à réinventer le langage cinématographique pour explorer un nouveau rapport au monde, le cinéaste, mais aussi artiste plasticien, écrivain et conteur, ne cherche pas tant à recouvrer une culture perdue qu’à retravailler l’art et les contes traditionnels pour créer, à travers le cinéma, un nouveau langage visuel populaire, lit-on dans la note de présentation. Explorer le potentiel du récit filmique pour réinventer l’art du conte : c’est ce qui caractérise la démarche tout à fait originale et le style très personnel de Nacer Khemir dont l’œuvre se démarque des grands courants cinématographiques.
S’il est vrai que ce film n’est pas une fable explicitement politique, il fait (re-)vivre les gens oubliés et les ruines d’une ville du désert autrefois glorieuse mais effacée de l’histoire nationale. Des questions politiques imprègnent ce film de manière subtile et nuancée. En alliant le fantastique et l’allégorie, « Les Baliseurs du Désert » transforme le retour aux origines dans un tremplin pour ouvrir l’avenir.
Couronné dans de nombreux festivals, le film a obtenu le Prix de la première œuvre aux 10èmes Journées Cinématographiques de Carthage, le Grand prix du Festival des Trois continents à Nantes, le Prix de la meilleure image au Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou (FESPACO), le Palmier d’or du meilleur film et le Prix de la critique internationale à la Mostra de Valencia du cinéma méditerranéen, notent les organisateurs.
Il est à noter que le cycle « Ciné-Séminaire Afrique » a programmé six films (à raison d’un film par mois) du Niger, du Sénégal, du Burkina Faso, du Tchad et de la Tunisie représentée par « Les Baliseurs du Désert ». Il est organisé par Anna Bruzzone (chercheuse associée à l’Institut des mondes africains, IMAF) et Maya Ben Ayed (chercheuse associée au Centre d’histoire sociale des mondes contemporains, CHS), en collaboration avec l’Humathèque Condorcet et la Cinémathèque Afrique de l’Institut français.