Son dernier spectacle en Tunisie remonte à 2022, dans le cadre du festival international de Carthage. Pour ce nouveau rendez-vous, dans le cadre de la 3ème édition du Festival international du oud à la médina, luthiste irakien Naseer Shamma a présenté une nouvelle performance instrumentale inédite qui rend hommage au peuple palestinien et ses souffrances sous occupation.
De Carthage au théâtre de l’Opéra de Tunis, la magie du Oud est toujours au rendez-vous avec ce grand luthiste irakien qui s’est produit dimanche soir, au Théâtre de l'Opéra de Tunis, à la Cité de la Culture, à la clôture de la 3ème édition du festival international du Oud à la médina. Accompagné par une petite formation musicale de trois musiciens, Shamma a joué plusieurs compositions inspirées du patrimoine musical arabe et des chefs-d’œuvre de la musique arabe et tunisienne.
Au début de la soirée, une nouvelle œuvre, enregistrée, dédiée au peuple palestinien, a été présentée pour la première fois sur la scène du théâtre de l’opéra. L’artiste a rendu hommage aux blessures de ce peuple et ses grands sacrifices. Les palestiniens sont victimes d’injustice et d’une guerre qu’il a qualifiée d’ « extermination ». « Après des positions mitigées, le monde entier est devenu conscient de l’ampleur de la guerre dans les territoires occupés », a déclaré ce messager de la paix, ambassadeur de l’Unesco pour la paix.
Le magicien du Luth et sa formation de solistes ont notamment interprété des compositions de chansons arabes assez célèbres créant un dialogue sonore inédit entre « Zahrat al madaen » (Liban), « Taht el yasmina » (Tunisie), « ya mal eccham » (Syrie) et « talea men bit abouha » (Irak). Cet auteur compositeur et interprète hors-pair ayant sa propre empreinte musicale a présenté des œuvres telles que « Bidayat », « Al Hilal », « Gotaf », « noukouch » et un dernier morceau « Ghadan ajmal » (Demain sera meilleur).
« Oud Jazz » est une œuvre présentée, en novembre 2023, dans le cadre d’une tournée aux Etats-Unis ayant couvert 11 Etats. «Le croissant de Alma » est un morceau qui a été interprétés à Carthage en 2022, dans un voyage sonore de Babylone et Erbil en Irak, à l’Arabie Saoudite jusqu’en Tunisie et le site de Carthage. Cette composition est inspirée du site historique al-alma en Arabie Saoudite qui se trouve dans une zone montagneuse sur l’ancienne route de la soie.
A sa passion pour le luth, s’ajoute celle pour les arts plastiques. L’artiste installé aux Emirats arabes-unis, a récemment organisé sa première exposition d’art, à Abu Dhabi, composée d’une quarantaine d’œuvres. Les arts plastiques est un univers assez familier pour cet artiste qui, rappelle-t-on, a plusieurs fois donné des performances, en Allemagne et aux Emirats, avec le grand calligraphe tunisien Nja Mahdaoui, pour un dialogue entre les notes, les lettres et les couleurs.
Porté par sa passion, Naseer Shamma a lancé « La Maison du luth arabe » dans plusieurs pays arabes dont le Caire (Egypte) où il a été créé, Bagdad et Mossoul (Irak), Khartoum (Soudan), Abou Dhabi (EAU) et Ryadh (Arabie Saoudite).
Avec le début de la deuxième guerre du Golfe et dans un pays ravagé, Naseer Shamma a quitté l’Irak pour la Tunisie, en 1993 jusqu'à 1998, où il a enseigné à l’Institut supérieur de la musique. L’Egypte a constitué une étape marquante dans le parcours réussi du Luthiste surtout que l’Opéra du Caire avait accueilli son premier concert, en 1997, pour ensuite séjourner dans d’autres pays et se produire dans des performances sur la scène des théâtres les plus prestigieux.
Le Quotidien avec TAP