Trump menace. L’Europe s’indigne et condamne. La Russie se félicite. La rencontre tant attendue entre le président américain et son homologue ukrainien, censée couronner les discussions entre les deux parties par la signature d’un accord historique sur l’exploitation des minéraux ukrainiennes par l’US, a viré au chaos.
Dans un spectacle de jamais-vu, la réunion entre Trump et Zelensky dans le bureau ovale s’est transformée en une altercation verbale violente au su et au vu des médias. Ce qui s’est passé dans le Bureau ovale est, certes, historique et sans précédent, car aucun dirigeant étranger n’avait jamais été insulté et humilié publiquement par un locataire de la Maison Blanche. Cet incident d’extrême gravité ne restera, certainement pas, sans suite.
Cette rencontre assez tendue entre Trump et Zelensky intervient dans un contexte géopolitique marqué par le rapprochement entre la nouvelle administration américaine et la Russie. Ce qui nous pousse à croire que ce qui s’est passé au Bureau ovale est monté de toute pièce pour faire sortir le président ukrainien dans cette image si humiliante.
Les vingt-quatre heures qui ont précédé la visite de Zelensky à Washington étaient prometteuses pour les Ukrainiens. Trump revient sur sa décision de qualifier le président ukrainien de «dictateur sans élections», en disant : «Je n’arrive pas à croire que j’ai dit ça». Dans ce qui est peut-être le tournant le plus surprenant, Trump a poursuivi dans une déclaration sur le territoire ukrainien occupé par la Russie: «Nous verrons si nous pouvons les récupérer».
Zelensky est-il tombé dans le piège ? Tout laisse croire que le président ukrainien est venu à la Maison Blanche, avec sa tenue militaire, tout confiant que l’accord sur les minéraux sera signé et qu’il aura ce qu’il veut de son allié américain. Mais dès son arrivée et même avant qu’il descende de son véhicule, Trump s’est moqué de sa tenue vert militaire. Un accueil qui n’augure, déjà, rien du bon et qui annonce la séquence électrique qui allait s’en suivre.
Zelenskiy est apparu dans une position difficile sous la pression de Trump, qui lui a rappelé que son pays était en difficulté et qu’il n’avait pas de cartes de pouvoir sans le soutien américain, ce à quoi Zelenskiy a répondu : «Nous ne jouons pas aux cartes ici», avant d’être, carrément, expulsé de la Maison Blanche.
Après ce clash historique, la question la plus importante dans les heures à venir est de savoir où les choses vont aller. Les Européens, qui sont désormais dans le viseur de Trump, ont fait, déjà, block derrière Zelensky. L’Union européenne et plusieurs pays européens dont la France, l’Espagne et l’Allemagne, ont exprimé leur soutien à l’Ukraine, assurant au président ukrainien qu’il n’était pas «seul». La cheffe du gouvernement italienne, Giorgia Meloni, a appelé à la tenue, en urgence, d’un sommet entre les Etats-Unis et l’UE pour trouver une solution à la crise ukrainienne.
Meloni, l’un des rares dirigeants européens à avoir assisté à l’investiture de Trump et une partisane de Kiev, a déclaré que «toute division en Occident nous affaiblit tous et profite à ceux qui veulent voir le déclin de notre civilisation».
Allant plus loin, la chef de la politique étrangère de l’Union européenne, Kaya Callas, a promis de se tenir aux côtés de Kiev, remettant en question le leadership américain. «Aujourd’hui, il est clair que le monde libre a besoin d’un nouveau dirigeant. C’est à nous, Européens, d’accepter ce défi», a-t-elle déclaré, ajoutant: «L’Ukraine, c’est l’Europe! Nous sommes aux côtés de l’Ukraine.
Le grand gagnant du clash Trump-Zelensky est sans doute le président russe, Vladimir Poutine, qui s’amuse, certainement, de ce spectacle inédit.
Ce qui s’est passé dans le Bureau ovale marque un nouveau tournant dans les relations américano-européennes. L’Ukraine, si elle aspire à mettre fin à la guerre, ne doit plus compte sur le soutien américain. L’Europe non plus. Ainsi, la rupture est-elle devenue inévitable ? Wait and see.
J.H.