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Trump menace d’annexer le Canada aux USA : Impérialisme ou impulsivité ?

Le président désigné Donald Trump a avancé des idées d’expansion territoriale pour les États-Unis pendant sa conférence presse à Mar-a-Lago, mardi. Trump n’a pas l’intention d’utiliser la force militaire, mais plutôt la « force économique » pour annexer le Canada. Doit-on prendre les menaces du président désigné au sérieux ? Les experts divergent d’opinion sur la question.

La question a été posée directement au président désigné des États-Unis mardi lors d’une conférence de presse à sa résidence de Mar-a-Lago, moins de deux semaines avant son assermentation. Envisage-t-il l’usage de la force militaire pour acquérir le Canada ?

« Non, une force économique, parce que le Canada et les États-Unis, ce serait vraiment quelque chose », a-t-il répondu à un journaliste.

« Si vous vous débarrassez de cette ligne artificiellement tracée et si vous examinez à quoi elle ressemble, ce serait en réalité bien meilleur pour la sécurité nationale. N’oubliez pas que nous protégeons essentiellement le Canada », a-t-il ajouté.

Il a ensuite affirmé que les États-Unis dépensaient des « centaines de milliards de dollars » chaque année pour protéger la frontière entre les deux pays. Il y est aussi allé d’une tirade contre le déficit commercial des États-Unis par rapport au Canada, qui s’élevait en 2023 à 64 milliards US, soit environ 90 milliards CAN, selon les données des autorités américaines.

Nous n’avons pas besoin de leurs voitures […]. Je préférerais les fabriquer à Detroit. […] Nous n’avons pas besoin de leur bois d’œuvre. Nous avons de vastes forêts. […] Nous n’avons pas besoin de leurs produits laitiers.

 « Nous achetons des brise-glace et le Canada veut se joindre à nous. […] Nous n’avons pas besoin d’un partenaire. »

Un peu plus tôt, Trump n’avait pas exclu le recours à la force pour annexer le canal de Panamá, artère vitale du transport maritime mondial, et l’île du Groenland, territoire autonome du Danemark. Il a affirmé que les deux étaient « très importants pour la sécurité économique » des États-Unis.

« Nous devons nous réveiller »

Il est temps que le Canada prenne les menaces de Donald Trump au sérieux et non à la blague, met en garde le coprésident du Groupe d’experts sur les relations canado-américaines de l’Université Carleton et de l’Institut canadien des affaires mondiales, Fen Hampson.

« Je pense que ses ambitions ne sont pas seulement économiques, mais également politiques, signale l’expert des relations internationales en entrevue. Il veut se débarrasser du Canada en tant que pays souverain. »

M. Hampson y voit la résurgence d’un impérialisme issu d’un siècle passé. Quand il parle du 51e État, je crois qu’il a des ambitions territoriales dignes du XIXe siècle et nous devons nous réveiller. « Nous devons prendre ses menaces économiques au sérieux et arrêter de simplement les balayer d’un revers de main », poursuit-il.

Le président de l’Observatoire sur les États-Unis de l’Université du Québec à Montréal, Charles-Philippe David, est plus nuancé. Il estime plutôt qu’il faut cesser de réagir à chacune des envolées du président désigné.

« Donald Trump n’est pas capable d’un plan rationnel, n’est pas capable de se mettre en mission sur une politique bien établie avec des objectifs réfléchis. C’est un impulsif, un compulsif imprévisible. Moi, je pense qu’il ne faut pas accorder tant que ça de sérieux à tout ce qu’il dit », fait valoir le fondateur de la Chaire Raoul-Dandurand en études stratégiques et diplomatiques.

« Par contre, je prendrais très au sérieux le fait que notre intérêt n’est pas de nous soumettre à cette volonté américaine. Je pense qu’il faut peut-être, oui, investir plus dans notre défense, il faut voir mieux à notre frontière, il faut explorer d’autres avenues économiques. »

M. David cite par exemple un éditorial du plus récent numéro du magazine The Economist, qui suggère l’entrée du Canada dans l’Union européenne.

Trudeau réplique

D’abord considérés comme une blague à l’issue du voyage du premier ministre Justin Trudeau à Mar-a-Lago, en novembre dernier, les propos du président américain ont suscité une levée de boucliers à Ottawa, mardi.

« Jamais, au grand jamais, le Canada [ne] fera partie des États-Unis, a rétorqué M. Trudeau sur X. Les travailleurs et les communautés de nos deux pays bénéficient qu’on soit l’un pour l’autre le plus grand partenaire commercial et en matière de sécurité. »

« Vous savez, ce n’est pas réaliste. Je sais qu’il aime faire ces commentaires et qu’il aime plaisanter. Je prends cela au sérieux. Il plaisante peut-être, mais sous ma gouverne, cela n’arrivera jamais. »

 « Le Canada ne sera jamais le 51e État. Point à la ligne », a réitéré à son tour le chef conservateur Pierre Poilievre, tandis que le chef néo-démocrate Jagmeet Singh a demandé à M. Trump d’arrêter ses « conneries ». Le chef du Bloc québécois, Yves-François Blanchet, n’a pas réagi.

Ces commentaires du 47e président des États-Unis ne font plus rire le premier ministre de l’Ontario, Doug Ford. Celui-ci n’a pas caché son agacement en point de presse lundi, peu de temps après un énième gazouillis de Trump sur le Canada. « Je vais lui faire une contre-proposition, a-t-il dit. Et si nous achetions l’Alaska et y ajoutions le Minnesota et Minneapolis en même temps ?

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