contactez-nous au 71 331 000
Abonnement

A l’IFT, ce soir : « Au cimetière de la pellicule » de Thierno Souleymane Diallo

Par Imen Abderrahmani

 

Dans son premier long-métrage, Thierno Souleymane Diallo est allé à la recherche de la bobine du 1er film tourné par un réalisateur africain noir et francophone, en 1953… Entre le passé et le présent, le collectif et l’individuel, le film oscille. 

 

« Au cimetière de la pellicule » sera, ce soir, projeté à l’Institut français de Tunisie, à partir de 18h00, dans le cadre du programme « Mardi-Doc », permettant au grand public de découvrir, en dehors des Journées cinématographiques de Carthage (seule manifestation où on peut voir des films de toute l’Afrique), l’une des figures montantes du cinéma guinéen et africain, le cinéaste Thierno Souleymane Diallo.

Long-métrage documentaire d’une durée de 90’, le film se veut à la fois le récit personnel du réalisateur qui est allé à la recherche de la bobine du film « Mouramani », premier film tourné par un réalisateur d’Afrique francophone, en 1953, en Guinée  et le récit de tout un pays, la Guinée, à travers sa mémoire cinématographique.

Au départ, était le film « Mouramani » de Mamadou Touré. Un film cité dans quelques ouvrages de l’histoire du cinéma et également dans un article paru sur le journal « Le Monde », en 1955, mais dont personne ne l’a vu et ne sait où le trouver.

De cette problématique, de la question de la sauvegarde de la mémoire cinématographique, et de l’œuvre cinématographique comme un document ethnographique, le réalisateur Thierno Souleymane Diallo est parti pour raconter tout un pays.

Parcourant le Guinée avec passion et patience, caméra dans le cou, tantôt traînant sa valise et tantôt les pieds nus, le jeune réalisateur guinéen a choisi d’aller sur les traces de son ancêtre, du « père spirituel » du cinéma guinée, visitant tant de lieux qui ont été évoqués dans le film, toujours en se référant à ce qui a été écrit à l’époque.

La recherche de cette bobine perdue semble être un bon prétexte pour que le réalisateur remonte la difficile histoire du cinéma guinéen,  qui était un « pôle de production africain au moment de l’indépendance et qui suite à un coup d’Etat, en 1970, tout a basculé. Avec la vague d’arrestation des cinéastes, les techniciens ont été forcés à tout brûler et les salles de cinéma ont commencé à fermer les unes après les autres, nous raconte Thierno Souleymane Diallo dans son « Cimetière de pellicule ».

Rencontrant les gens, interrogeant les lieux, examinant les archives, visitant des anciennes salles de cinéma encore fermées et admirant des bobines retrouvées ici et là, de quelques tournages locaux, au fil de son parcours, le réalisateur semble suivre des illusions. Rien ne semble apporter des éclairages sur le destin de ce film.   

Dans cette passionnante quête de ce film mythique qui est au cœur de l’histoire de cinéma de son pays, le réalisateur ne tarde pas à donner la parole à différents acteurs de l’industrie cinématographique... Tant de questions sur le patrimoine cinématographique des pays africains, sur les politiques culturelles et cinématographiques, les salles fermées et l'avenir de cinéma...surgissent pour donner au film d'autres dimensions. La quête du film « Mouramani » de Mamadou Touré devient ainsi une quête de toute une mémoire déchiquetée...

La recherche non-concluante du film pousse le réalisateur à aller en France, là où le film a été tourné, selon certaines sources et où les archives cinématographiques et audiovisuelles de nombreux pays africains sont "conservés" dans de nombreuses institutions culturelles françaises... Le reste de l'histoire de cette aventure artistique et historique mené avec courage et finesse par  Thierno Souleymane Diallo est à découvrir, ce soir, à l'IFT.

I.A.

 

 

 

Partage
  • 25 Avenue Jean Jaurès 1000 Tunis R.P - TUNIS
  • 71 331 000
  • 71 340 600 / 71 252 869