Une étude menée par une ONG révèle l'ampleur des dégâts psychologiques sur les jeunes Gazaouis causés par les attaques que mène l’Etat sioniste dans la guerre contre le Hamas.
Mercredi 11 décembre au soir, vingt-et-une personnes parmi lesquelles plusieurs enfants ont été tuées dans une frappe israélienne au nord de Gaza, selon la défense civile locale. Ces morts viennent s'ajouter aux 44.000 victimes déjà recensées depuis plus d'un an de conflit, d'après le Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l'homme. Parmi elles, 44% sont des enfants.
À cette hécatombe s'ajoutent les dégâts psychologiques infligés aux enfants survivants, qui évoluent dans ce qui s'apparente à l'enfer sur Terre. Une nouvelle étude réalisée par une ONG basée à Gaza, sponsorisée par l'association caritative War Child Alliance, et mise en lumière par The Guardian, a analysé pour la première fois l'impact psychologique de la guerre sur les enfants gazaouis.
L'enquête a interrogé les familles ou personnes chargées de 504 enfants issus de foyers où au moins un enfant est handicapé, blessé ou séparé de ses parents. Ces données, collectées en juin dernier, sous-estiment probablement l'impact psychologique cumulé sur les enfants de Gaza aujourd'hui, après plus de quatorze mois d'agression israélienne sur le territoire.
Les enfants ont été témoins du bombardement de leur maison et de leur école, ont vécu la perte d'êtres chers et ont été déplacés ou séparés de leur famille alors qu'ils fuyaient pour se mettre en sécurité. L'ampleur du déplacement est vertigineuse: 1,9 million de Palestiniens de Gaza, soit environ 90% de la population totale du territoire, ont été contraints de fuir, souvent à plusieurs reprises. On estime que 17.000 enfants à Gaza sont non accompagnés ou séparés de leurs parents, ce qui les expose à un risque accru d'exploitation, d'abus et d'autres violations graves de leurs droits.
Risque de traumatisme multigénérationnel
«Ce rapport montre que Gaza est l'un des endroits les plus horribles au monde pour les enfants», affirme Helen Pattinson, directrice générale de War Child UK. Outre la destruction des hôpitaux, des écoles et des maisons, une série de destructions psychologiques «ont causé des blessures invisibles mais tout aussi destructrices chez des enfants qui ne sont pas responsables de cette guerre», ajoute-t-elle.
Les conséquences des traumatismes vécus par ces enfants s'étendent bien au-delà de l'enfance. Les réactions traumatiques peuvent se manifester de diverses manières: une détresse émotionnelle, de l'anxiété, des changements de comportement, des difficultés relationnelles, une régression, des troubles du sommeil, des problèmes d'alimentation, ou encore des symptômes physiques. Le sentiment d'être condamné est devenu omniprésent. Presque tous les enfants (96%) ont l'impression que leur mort est imminente et 49% souhaitent réellement mourir.
Face à l'ampleur de la crise, l'association War Child et ses partenaires ont pu jusqu'à présent aider 17.000 enfants à Gaza en leur fournissant un soutien en matière de santé mentale. Elle vise, à terme, à aider un million d'enfants avec notamment un soutien psychosocial dans ce qui, selon elle, sera la plus grande réponse humanitaire de ses trois décennies d'existence. Helen Pattinson sonne l'alerte: «La communauté internationale doit agir maintenant avant que la catastrophe de santé mentale infantile à laquelle nous assistons ne se transforme en traumatisme multigénérationnel, auquel la région devra faire face pendant les décennies à venir.»