Le modèle théorique du FMI considère qu’un des facteurs de déséquilibre de la balance des paiements est un taux de change surévalué, ce qui l’amène généralement à préconiser des dévaluations.
C’est ce que révèle un nouveau rapport de l’observatoire Tunisien de l’Economie (OTE) qui indique dans ce contexte que le premier effet supposé des dévaluations est de renchérir les prix des produits importés, et donc d’en diminuer la demande et en même temps de baisser les prix des produits exportables, et donc de les rendre plus compétitifs sur les marchés mondiaux.
Or les exportations de ces pays sont souvent des exportations de matières premières dont le prix est fixé en devise par les marchés internationaux (pas de gains additionnels) et les importations sont souvent des produits de premières nécessités qui finissent, du fait de la dévaluation de la monnaie, par coûter plus cher pour l’Etat et les citoyens, martèle le rapport.
On note, sous cet angle, que la voie d’imposition de cette mesure a évolué dans le temps suivant les pays considérés. Les taux de change étaient généralement fixés par les autorités monétaires lors de la première période d’ajustement structurel, en exigeant explicitement une dévaluation des taux de change.
Toutefois, le FMI a adapté son langage en poussant les pays à évoluer vers des taux de changes fixés sur le marché interbancaire des devises prétextant un taux de change surévalué du fait d’une trop grande intervention de la banque centrale.
Cette mesure n’est plus aussi explicite, et passe à travers une demande d’évolution du rôle des banques centrales vers une plus grande autonomie, voire une « indépendance ».
Concernant la Tunisie, l’OTE précise dans son rapport que le Dinar a connu une dépréciation durant les premières années de la décennie 1980, puis semblait se stabiliser autour de l'année 1986.
Cette stabilité est la résultante de deux mouvements antagonistes : la dévaluation du Dinar imposée dans le cadre des réformes du FMI contrebalancée par la dépréciation du Dollar organisée par le G7.
Le régime de change tunisien est depuis le milieu des années 1990 un régime de change flottant géré, déterminé sur le marché de changes interbancaire par la loi de l'offre et la demande mais soutenu par des interventions de la banque centrale pour maintenir un certain objectif de parité de change.
Toutefois, sous ce régime, le rapport révèle que le taux de change a entamé une tendance baissière depuis l'année 2008. Les accords de 2013 et 2016 avec le FMI ont entériné ladite « indépendance de la banque centrale » et donc sa non-intervention sur le marché de changes. Ceci a eu pour conséquence directe une dépréciation subite du Dinar qui a perdu près de 50% de sa valeur en 3 ans vis-à-vis du Dollar.