Elle a créé l’évènement, durant l’année écoulée, à l’Institut du Monde Arabe (IMA), à Paris, drainant des milliers de visiteurs, ce qui a « obligé » le comité d’organisation de jouer les prolongations pour répondre à la demande du grand public.
« Ce que la Palestine apporte au monde », une exposition dont la tenue s’est accompagnée par la guerre sur Gaza et qui a été une occasion pour que les visiteurs de l’IMA, les passionnés de l’art découvrent quelques grands noms de l’histoire de l’art contemporain palestinien et d’être témoins de certaines histoires tantôt racontées à travers les poèmes de Mahmoud Darwich et tantôt d’autres à travers les manuscrits de Jean Genet, ce grand passionné de la Palestine.
L’exposition à l’IMA qui a eu lieu entre mai et décembre 2023 a vu également l’organisation de nombreuses tables rondes et rencontres-débats et surtout la publication d’un ouvrage éponyme, comportant une série d’articles racontant la Palestine de différents points de vue.
Aujourd’hui, une partie de cette importante exposition débarque à Tunis. Tout au long d’un mois, soit à partir de cet après-midi et jusqu’au 28 juin 2024, le public pourra découvrir quelques œuvres de cette exposition photographique et prendre part à une série d’activités orchestrées à cette occasion.
Organisée par l’Institut français de Tunisie (IFT) et l’Institut du monde arabe (IMA) à Paris, avec le parrainage de l’Ambassade de Palestine en Tunisie, l’exposition « Ce que la Palestine apporte au monde » sera en tournée. « Pour la première itinérance de l'exposition « Ce que la Palestine apporte au monde », l’Institut du monde arabe a choisi la Tunisie, pays qui entretient des liens historiques avec la Palestine, lit-on dans un communiqué publié, jeudi, par l'Institut français de Tunisie.
L’expo se veut également un hommage à tant d’artistes palestiniens qui ont pris part à cette exposition et qui ont succombé sous les bombes israéliennes. Sur les réseaux sociaux, Jack Lang, le président de l’IMA, a tenu à rendre hommage à ces talents qui ont quitté ce monde très tôt, partageant même des photos de leurs rencontres en Palestine, lors de la préparation de cette exposition .
Récits visuels croisés
Pour cette exposition, deux registres d’images photographiques sur la Palestine se croisent pour raconter « ce que La Palestine apporte au monde ».
Le Commissaire général de l'exposition est Elias Sanbar, écrivain, ancien ambassadeur de la Palestine auprès de l'UNESCO, président du conseil d’administration du Musée national d'art moderne et contemporain de la Palestine. Marion Slitine, Éric Delpont et Marie Chominot sont les commissaires associées.
Cette exposition accueille des images de la Palestine loin des clichés. « Elle montre à quel point nous, [les palestiniens], sommes bel et bien vivants et à quel point nous sommes toujours porteurs d’une obsession de la culture », a écrit Elias Sanbar.
La Palestine a une histoire riche et a donné naissance à des intellectuels et des artistes que le monde estime et qui racontent, façonnent l’identité palestinienne et sont les voix de tout un peuple. « Ce que la Palestine apporte au monde » montre la création palestinienne, qu'elle s'élabore dans les territoires ou dans l’exil, et des artistes qui ont fait de la photographie leur « langue », leur moyen d'expression.
Cette exposition met en regard deux registres d’images photographiques, au XIXe siècle versus de nos jours, sur la Palestine. Mise en dialogue, cette perspective transhistorique montre la quête des Palestiniens vers la réappropriation, par l’image, de leur propre récit. Alors que les lithophotographies anciennes montrent que la terre palestinienne était trop souvent cantonnée à des clichés désincarnés dans la photographie ancienne, les photographies contemporaines de cette exposition témoignent du quotidien des Palestiniens en Cisjordanie et à Gaza jusqu'en 2021, de leur rapport au corps, à l'espace public et à la terre, lit-on sur le dossier de presse.
Elles frappent par leur créativité exceptionnelle et amènent à réfléchir à la force de la culture et de l’art comme voies de résistance. Certains témoignages d'artistes recueillis au printemps 2024, apportent par ailleurs un regard actuel sur leur rôle existentiel pour faire entendre la Palestine aujourd'hui.
Au-delà de l’exposition…
Une série d’évènements rythmeront l’exposition. La programmation propose un échange avec deux photographes palestiniens exposés, Rehaf Al Batniji et Shady Alassar. « L’art, entre guerre et espoir » ainsi s’intitule cette première rencontre prévue pour cet après-midi à partir de 17h00, à l’Institut français de Tunisie (IFT).
Quatre films sont à l’affiche de cette programmation spéciale : « Bye Bye Tibériade » de Lina Soualem, le 30 mai 2024, à 18h30, « Alam » de Feras Khoury, le 6 juin 2024, à 18h30, toujours à l’IFT, « Bir’em » de Camille Clavel, le 13 juin 2024, à la même heure et sur le même écran et « Intervention divine » de Elias Suleiman, le 20 juin 2024, à l’IFT et à 18h30.
Le programme prévoit également, le 5 juin 2024, à 19h00, une représentation théâtrale d’un monologue portant sur l’exil palestinien. « Taha, le monde ne voulait pas de moi» est un monologue écrit en arabe par l’acteur et dramaturge palestinien Amer Hlehel, où il s’inspire de la vie du poète palestinien autodidacte Taha Muhammad Ali, né en 1931, symbole d’une Palestine perdue et reconquise par les mots. Porté sur scène en arabe pour la première fois en mai 2014 à Haïfa, « Taha » est aujourd’hui joué en français par Sylvain Machac, souligne le dossier de presse. .
Une rencontre-débat autour de l’ouvrage « La Palestine en 50 portraits » est prévue le 3 juin 2024, à 18h30, à la station d’art B7L9 et ce en présence de Sabri Giroud, cet archéologue de formation.
En coopération avec l’Ambassade de Palestine en Tunisie, la musique palestinienne traditionnelle et contemporaine sera à l’honneur, lors de la soirée du 19 juin 2024, à partir de 19h00, à l’Institut français de Tunisie (IFT).
La clôture de cette programmation sera avec une rencontre- discussion, le 25 juin 2024, à 18h30, à l’IFT autour de l’Institut français de Gaza. Des interventions en visioconférences de Gaza sont à l’ordre du jour de cette rencontre.
Avec le parrainage de l'Ambassade de Palestine en Tunisie, cette exposition organisée par l’IMA - Paris, et la programmation préparée avec l'IFT donnent un espace d'expression aux artistes palestiniens et une place à la richesse de cette scène culturelle. Aujourd'hui, plus que jamais, leurs messages sont importants. Comme l'écrit Jack Lang, président de l'Institut du monde arabe, « Loin d’un chronique victimaire, l'exposition donne à voir le monde en Palestine et la Palestine au monde ».
Il est à rappeler que depuis 2016, l’IMA abrite en ses murs la collection du futur Musée national d'art moderne et contemporain de la Palestine, une « collection solidaire » de quelque 400 œuvres constituée de dons d’artistes, réunie à l’initiative d'Elias Sanbar, écrivain et ancien ambassadeur de la Palestine auprès de l’Unesco, et coordonnée par l’artiste Ernest Pignon Ernest, peut-on lire sur le site de l’IMA.
Imen Abderrahmani