Par Imen Abderrahmani
Du site archéologique de Kerkouane (gouvernorat de Nabeul), le coup d’envoi de la 34ème édition du mois du patrimoine sera donné cet après-midi, à partir de 17h30. Détails !
Déesse mère qui a été toujours considérée comme la déesse de la fertilité, Tanit veille jusqu’aujourd’hui sur Kerkouane comme le fait une mère pour ses enfants. Faisant de la résistance, défiant les tempêtes et les orages, témoignant de tant d’évènements, Tanit continue à exister non seulement dans les annales des historiens et des chercheurs mais dans tant de pratiques et de célébration. Donnant son nom aux plus prestigieux prix des plus anciens et prestigieux festivals de la Tunisie les Journées cinématographiques de Carthage (JCC) et les Journées théâtrales de Carthage (JTC) et voyageant dans toutes les villes du monde, accompagnant à chaque édition, les heureux lauréats, « fécondant » leurs idées et rêves, Tanit est également présente dans notre quotidien à travers ces parures reprenant son symbole mais aussi et surtout dans les fêtes du mariage où la mariée est invitée, lors de la cérémonie de « jelwa », à lever ses bras, simulant le symbole de Tanit, un triangle, surmonté d’un trait horizontal dont les extrémités sont relevées, et sur lequel repose un cercle. Et à Kerkouane, elle avait et elle a encore sa maison que le visiteur peut l’apercevoir facilement en déambulant dans ce site, à l’écoute des chants d’oiseaux et des murmures de la vague.
Kerkouane, une Cité d’exception
Surnommée la Dame de Carthage, ou également « la Dame de Kerkouane », Tanit et toute la Cité punique de Kerkouane seront aujourd’hui célébrées dans le cadre du mois du patrimoine, placée sous le thème « Patrimoine et art : mémoire de civilisation ». A son 34ème édition, le mois du patrimoine qui change d’une année à une autre des sites d’ouverture et des musées où se clôturent l’évènement, accompagnant deux dates phares du calendrier international : la Journée internationale des monuments et des sites, le 18 avril, et la Journée internationale des musées, le 18 mai, tentera de mettre sous les projecteurs la richesse de cette Cité.
Alors, avec un décalage d’une journée, s’ouvrira cet après-midi, le mois du patrimoine à Kerkouane, en présence de la ministre des Affaires culturelles, Amina Srarfi, avec l’espoir de donner une meilleure visibilité à cette Cité qui « offre les seuls vestiges d’une ville phénico-punique qui ait subsisté. Ses maisons ont été construites selon un plan type, suivant un modèle d'urbanisme très élaboré », lit-on sur le site de l’UNESCO.
Inscrite depuis le 28 novembre 1986 sur la liste du patrimoine mondiale de l’UNESCO, cette Cité, située à l’extrémité du Cap Bon sur une falaise qui domine la mer, apporte un témoignage exceptionnel sur l’urbanisme phénico-punique.
« La cité punique de Kerkouane a préservé toutes ses composantes architecturales et urbanistiques et ces composantes sont situées dans la limite du bien. Après sa destruction par Regulus vers 255 av. J.-C, la ville a été abandonnée et, contrairement aux autres cités puniques qui après la chute de la métropole carthaginoise ont été romanisées et ont perdu leur aspect punique, le sol de Kerkouane n’a jamais été réoccupé (…).La « punicité » de Kerkouane se reflète parfaitement dans l'architecture, l’urbanisme, le genre de vie (il semble avoir été essentiellement citadin), la vie socio-économique (diversité et richesse des activités économiques), ainsi que certaines pratiques religieuses et funéraires. La relation fonctionnelle des deux parties du bien, la cité et la nécropole, doit être également perçue en termes visuels », lit-on toujours sur le site de l’UNESCO.
Outre le site qui offre au visiteur non seulement un voyage dans le temps mais aussi une belle sensation d’envol et de liberté vu son emplacement, entretenant un beau dialogue entre ciel et terre, le musée situé à côté permet mille et une découvertes.
L’architecture typique reprenant le style d’une maison punique à cour centrale, le musée témoigne de la richesse de cette Cité.
Une clôture au musée de Slakta
S’agissant toujours de cette ouverture « festive », le programme propose des performances musicales et artistiques, une visite guidée du musée près du site, une exploration virtuelle de la cité punique, ainsi qu’une mise en scène en intelligence artificielle, intitulée « Sayyidet Kerkouane » (La Dame de Kerkouane), avec une chanson en langue punique, spécialement produite pour l’occasion.
Pour la clôture de cette édition, prévue le 18 mai 2025, elle aura lieu au musée archéologique de Salakta, village côtier du Sahel tunisien, situé à cinq kilomètres de Ksour Essef, au sud de la ville de Mahdia. Le nom de Salakta est dérivé du toponyme latin Sullecthum.
Construit dans les années 1980, à côté d’une nécropole romaine, le musée expose des objets archéologiques provenant de l’antique Sullectum ainsi que d’autres agglomérations côtières avoisinantes, lit-on sur le site de l’Institut national du patrimoine (INP).
I.A.