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JO 2024 : la Palestine se présente avec huit athlètes, avec Gaza à l'esprit

Huit athlètes palestiniens vont participer aux Jeux olympiques de Paris à partir du 26 juillet. Alors que la guerre fait rage à Gaza, leur présence va servir de "tribune" pour sensibiliser l'opinion publique sur le génocide sioniste, selon les responsables palestiniens. Après neuf mois de conflit, la venue de ces sportifs qui s'entraînent dans des conditions précaires relève pratiquement du miracle, comme l’atteste ce reportage de l’AFP.

 

Pour la huitième fois depuis Atlanta en 1996, la Palestine va être représentée officiellement aux Jeux olympiques. Alors qu'ils étaient cinq athlètes il y a trois ans à Tokyo, ils seront huit à concourir à Paris cet été.

Après neuf mois de guerre et de génocide à Gaza, cette participation fait déjà figure de petit miracle. "Représenter la Palestine" aux Jeux de Paris, "c'est déjà une victoire", a ainsi résumé la ministre d'État aux Affaires étrangères de l'Autorité palestinienne, Varsen Aghabekian Shahin, lors d'une conférence de presse organisée dimanche 14 juillet à l'Institut français de Ramallah.

"Le départ de nos athlètes pour les JO 2024 intervient dans un moment très sombre de notre histoire", a-t-elle ajouté. "Vous n'êtes pas seulement des athlètes mais aussi (...) des symboles de la résistance palestinienne", a insisté la ministre.

"Le sport palestinien a été durement touché par la guerre", a abondé Nicolas Kassianides, le consul général de France à Jérusalem, lors du même événement, assurant que Paris soutenait le sport palestinien à hauteur d'un million d'euros en 2024.

Un monde sportif durement touché

Les infrastructures sportives ont en effet été largement détruites à Gaza, tandis que la pratique sportive est un casse-tête en Cisjordanie occupée. Selon Jibril Rajoub, président du Comité olympique palestinien, 400 athlètes, bénévoles et employés du monde sportif ont également été blessés ou tués depuis le 7 octobre dans le territoire assiégé par Israël.

Comme le décrit Le Monde, "le 14 novembre 2023, deux figures de l’équipe nationale de volley, Ibrahim Qusaya et Hassan Zuaiter, sont morts dans un bombardement sur le camp de Jabalia, dans la bande de Gaza. Le 18 décembre 2023, Bilal Abu Samaan, entraîneur de l’équipe nationale d’athlétisme, perd la vie sous les bombes lors d’un raid aérien. En janvier 2024, Hani al-Masdar, entraîneur de l’équipe olympique palestinienne de football, est tué par un missile tiré par un avion israélien."

Pour Jibril Rajoub, les athlètes doivent donc se servir de l'exposition médiatique qu'offrent les Jeux et en faire une "tribune" pour sensibiliser l'opinion publique sur la campagne militaire israélienne à Gaza. "C'est pour ça qu'on doit participer", a-t-il estimé. Les sportifs palestiniens sont toutefois censés se conformer au règlement du Comité international olympique (CIO) imposant la neutralité. Selon la charte olympique, "aucune sorte de démonstration ou de propagande politique, religieuse ou raciale n’est autorisée dans un lieu, site ou autre emplacement olympique".

Un seul athlète qualifié directement

La venue de ces athlètes à Paris a été un parcours d'obstacles. Un seul des huit sportifs palestiniens aux JO s'est qualifié selon les critères officiels, les sept autres ayant bénéficié d'une invitation du CIO. Pour la première fois dans l'histoire de la délégation palestinienne, le taekwondoïste Omar Ismaïl a réussi à obtenir directement son billet pour les Jeux lors du tournoi de qualification asiatique à Tai’an (Chine) sans passer par une "wild card". "J’ai rêvé de ce moment depuis que je suis tout petit. J’étais très heureux de m’imaginer à Paris avec les meilleurs athlètes au monde. Très heureux de montrer mon drapeau sur le podium", avait confié à RMC Sport en avril le jeune homme, qui s'entraîne à Dubaï.

"Je représente les Palestiniens. J’espère que les jeunes, quand ils me voient, se disent qu’ils peuvent accomplir leurs rêves, qu’ils peuvent travailler sur eux-mêmes, être comme moi ou encore meilleurs que moi", a ajouté celui qui est actuellement 61e mondial dans sa catégorie des moins de 58 kilos, même s'il a avoué "préférer parler plutôt de son sport" que de la situation géopolitique.

Parmi les sportifs palestiniens invités figurent deux athlètes spécialistes du 800 mètres, Layla al-Masri et Mohammed Dwedar. Ce dernier avait déjà participé l'an dernier aux mondiaux d'athlétisme organisés à Budapest, où il avait terminé neuvième de sa série. Mais pour lui, l'important était ailleurs. "Ma présence ici est déjà une réussite. J’ai représenté la Palestine dans un grand championnat", avait confié au Courrier de l'Atlas ce coureur de demi-fond originaire de Jéricho.

Participer pour tout un peuple

Deux nageurs palestiniens vont aussi prendre part à la compétition à Paris : Valerie Tarazi, sur le 200 mètres 4 nages, et Yazan al-Bawwab, sur le 100 mètres dos, qui avait également reçu une invitation pour les Jeux de Tokyo en 2021. Né en Arabie saoudite et résident à Dubaï, ce sportif de 24 ans a de la famille en Cisjordanie. Et il espère montrer au monde que les Palestiniens méritent d'avoir "les mêmes droits" que n'importe qui, comme il l'a expliqué à NBC. Pour lui, la participation aux Jeux déborde largement du simple cadre sportif, elle représente "un outil pour prouver au monde que nous sommes aussi des êtres humains".

Sa compatriote Valerie Tarazi, qui possède aussi la nationalité américaine, entend également mettre à profit sa présence à Paris pour s'exprimer au nom des habitants de Gaza où vivent nombre de ses proches. "Nous ne sommes pas là pour participer à la compétition seulement pour nous-mêmes ou pour nous représenter à titre personnel", a-t-elle souligné auprès de NBC. "Il s'agit de bien plus que cela."

Alors que la nageuse se concentre sur les JO, elle regrette de ne pas pouvoir faire plus pour les siens. "Je fais partie des Palestiniens les plus chanceux car je ne suis pas là-bas, mais en même temps je suis malheureuse car je ne peux pas y être. C'est trop dangereux", décrit-elle. "Cela pèse sur nous chaque jour."

Une préparation difficile pour les athlètes

En boxe, la délégation palestinienne sera représentée par Wassim Abou Sal. Le jeune homme de 20 ans se prépare à devenir le premier boxeur palestinien à concourir aux JO après avoir reçu une invitation et s'imagine déjà décrocher la toute première médaille palestinienne. "C'est mon rêve depuis mes 10 ans", a-t-il raconté à l'AFP dans sa salle de sport de Ramallah, en Cisjordanie occupée. "Tous les jours, je me réveillais en me demandant comment arriver aux JO."

En catégorie poids légers (moins de 63 kilos), il prendra part à son premier combat olympique le 28 juillet, après des entraînements en partie réalisés à distance avec son coach Ahmed Harara, basé au Caire, qui supervise son entraînement depuis l'Égypte à cause des restrictions de mouvement israéliennes qui l'empêchent de rentrer en Cisjordanie. "Je ne le vois que lorsque je voyage" pour des tournois internationaux, a détaillé le jeune boxeur. "Il définit mon programme d'entraînement chaque jour et je m'exerce tous les matins."

En judo, Fares Badawi sera aussi présent sur les tatamis dans la catégorie des moins de 81 kilos. Le jeune homme de 27 ans a déjà participé aux mondiaux et à de grands tournois comme le Paris Grand Slam. Enfin, en tir, dans l'épreuve de skeet, Jorge Antonio Salhe, âgé de 49 ans, a aussi été invité pour concourir sous les couleurs palestiniennes.

Les Palestiniens sont représentés officiellement au sein du CIO depuis 1995. Ils n'ont jusque là obtenu aucune médaille olympique.

Pour Nader Jayousi, directeur technique du Comité olympique palestinien, l'essentiel n'est pas seulement de participer. La délégation espère pouvoir enfin débloquer son compteur à médailles. "Nous n'avons pas besoin que les gens aient pitié de nous", a-t-il insisté auprès de NBC. "Nous avons surtout besoin que les gens reconnaissent ce que nous sommes capables de réaliser en tant que nation."

 

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